Le clergé interpelle Mahamat Déby

A travers une note adressée au président de la transition le 27 mai 2023, les évêques du Tchad l’interpellent sur la situation socio-politique du pays au regard de nombreux évènements tragiques de ces derniers jours. C’est un véritable réquisitoire à l’encontre du général Mahamat Déby Itno.

En parcourant la lettre à Déby junior, les évêques ont, de prime abord fait un véritable diagnostic de la situation actuelle du pays marquée de nombreuses tueries dans la zone méridionale. Pour eux, “la fin de la deuxième transition que nous traversons nous préoccupe tant, les maux que vivent les populations tendent à se multiplier, à s’étendre dans l’espace, à durer dans le temps, bref à devenir structurels (…). Il est donc difficile pour un esprit averti de croire que les tueries et les changer pour ne pas donner une mauvaise réputation pénuries au Tchad sont contingentes et accidentelles.  Les tueries et les pénuries des denrées de premières nécessités sont révélatrices d’un mode de gouverner et de courants de penser qui doivent à notre pays”. Par ailleurs, les bergers affirment sans ambages que “ces situations créées volontairement ou par ignorance des défis et doivent nous interpeller tous, mais en tout premier lieu les gouvernants …”.

En outre, les pasteurs catholiques ne sont pas passés par le dos de la cuillère pour dénoncer les violences de tout genre qui se soldent souvent par des pertes humaines et matérielles. “Dans le nord du pays, au Tibesti, la zone d’orpaillage se distingue par ses nombreux cas de torture inhumaines et ses tueries. Au sud, le lot quotidien des populations ce sont : les blessés, les morts, enlèvements de personne contre rançon, les case et moyens de subsistance brûlés”, déplore la note qui, par ailleurs pointe du doigt la responsabilité du gouvernement. Face à cette situation, les bergers appellent le gouvernement à prendre ses responsabilités et à être impartial dans le règlement des conflits. “Oui, le sang et les larmes des tchadiens a assez coulé et il faut que cela s’arrête. Et le gouvernement doit agir en toute impartialité et au nom du droit, s’il ne veut pas être accusé d’en être l’auteur et d’utiliser la terreur comme moyen pour gouverner, se maintenir au pouvoir ou le conserver”, peut-on lire dans le document.

 

Alerte sur le futur référendum

Au sujet des préparatifs du référendum constitutionnel, les évêques qui se demandent s’il n’accoucherait pas les mêmes résultats que les forums de 2018 et du dialogue de 2022 ? “Le premier et le deuxième forum sous le feu maréchal, le dialogue national souverain ont clairement montré les manipulations des consciences avec les conséquences que nous connaissons. Le référendum en préparation nous réserve-t-il le même sort ? Certains signes prémonitoires ne laissent aucun doute. Le Conorec dans sa composition et à tous les niveaux n’inspire pas confiance. Ne sera-t-il pas un instrument de plus à ajouter à la stratégie actuelle d’appauvrissement et de terreur pour la conservation du pouvoir de la terreur car c’est ce peuple réduit à la misère qu’on se prépare à convoquer pour le référendum”, relèvent-ils avant de conclure : “Notre pays a trop souffert des pratiques destructrices pour le tissu et les relations sociales. Il est temps que nous prenions conscience que Dieu fera tôt ou tard justice aux pauvres, relèvera et leur rendra leur dignité bafouée (…). Nous souhaitons que les plus hautes autorités du pays soient attentives à ces cris du peuple”.

Togmal David