Le Covid-19 bouleverse les plans de l’Oim

Avec la fermeture des frontières suite au coronavirus, les migrants et réfugiés passent plus du temps que prévu dans les centres de transit. Une situation qui oblige l’Organisation internationale pour les migrations (Oim) à modifier ses programmes pendant que les migrants s’impatientent à joindre leur destination finale.

Les conflits armés et surtout le coronavirus bouleversent la programmation des activités de l’Oim. A travers ses centres de transit de N’Djaména et de Faya, l’Oim assure la protection des réfugiés identifiés et reconnus par le Tchad.

D’après Akingar Nandibaye, chargé des opérations de l’Oim au Tchad, le centre de transit assure le transport digne et la réinstallation des migrants dans les pays d’accueil (France, Canada, Norvège, Suède, Etats-Unis, …).

Mais avec la pandémie du coronavirus, les frontières des différents pays sont fermées. Par conséquent, il n’y a pas d’opération.

Ali Moussa, est le nom d’emprunt d’un réfugié soudanais qui a fui les conflits armés au Darfour en 2004 pour se réfugier à Kounoumou à l’Est du Tchad. C’est depuis bientôt deux mois et demi que lui, sa femme et ses cinq enfants sont bloqués au centre de transit de N’Djaména. Le voyage de ce père de famille dans son pays d’accueil, la France, où il rêve se faire soigner est reporté à cause du Covid-19. En plus, sa femme vient d’accoucher, il doit rester sur place au moins trois mois. Ali s’ennuie dans le centre de transit où il est privé de tout déplacement pour des raisons sécuritaires. L’homme se plaint aussi des contenus du plat qui ne sont pas souvent à son goût, même s’il dit manger à satiété. Il déplore également la promiscuité dans le centre qui accueille actuellement 103 réfugiés et 42 migrants pour un total de 145 personnes. Mais le centre peut accueillir jusqu’à 166 âmes, rétorque son responsable.

Contrairement à Ali, un autre migrant, centrafricain, accueille bien les conditions de vie au sein du centre. Il s’y sent en sécurité. Etre caserné est une bonne chose pour lui puisque la pandémie du coronavirus sévit dehors. Toutefois, c’est depuis quatre mois qu’il s’impatiente de joindre Bangui où il a laissé ses biens notamment des maisons depuis la période des conflits de 2013. Le polygame centrafricain espère réunir sa famille une fois rentré. En effet, il est dans le centre de transit avec une de ses épouses et quatre enfants mais une autre épouse vit également au Cameroun avec ses quatre autres progénitures. “Je veux que mes enfants soient éduqués et je veux aussi travailler en tant qu’homme pour nourrir ma famille”, rêve-t-il.

Chamboulement

En principe, les migrants/réfugiés séjournent quatre à sept jours dans le centre de transit ou tout au plus deux semaines. Mais avec la crise sanitaire que vit le monde, obligeant des Etats à prendre des mesures de prévention qui se traduisent par la fermeture des frontières, les programmes ont changé. “Cela bouleverse nos projets et nous oblige à modifier nos plans. Imaginez quelqu’un qui devrait faire 7 jours et en fait 20 ou plus. Cela occasionne des dépenses supplémentaires pour l’alimentation, des soins médicaux, … en plus on essaie de trouver à chacun, son plat d’origine, ce n’est pas facile tout en tenant compte du prix de certaines denrées alimentaires qui ont augmenté”, observe le chargé des opérations de l’Oim.

Les opérations de réinsertion de juin seront repoussées. L’Oim se voit dans l’obligation de réviser les programmations de 2021. Il faut également réussir à faire vivre dans la tolérance, migrants et réfugiés qui ont des histoires différentes. L’Oim est obligée de ménager le chou et la chèvre en attendant que la situation devienne normale.

Lanka Daba Armel