Les humanitaires du Tchad ont célébré la Journée mondiale de l’aide humanitaire le jeudi 19 août 2021 à la Bibliothèque nationale de N’Djaména autour du thème : le changement climatique.
‟Votre engagement auprès des populations vulnérables qui souffrent diversement dans plusieurs secteurs du fait des conséquences des problématiques multiples : inondations, urgences sanitaires, insécurité alimentaire et nutritionnelle, et déplacement forcés sont un gage qui exprime cette solidarité”, reconnaît le directeur pays du Programme alimentaire mondial (Pam), représentant des agences des Nations unies, Claude Jibidar, prononçant le discours d’ouverture en remplacement du coordonnateur humanitaire absent. Claude Jibidar remercie les acteurs humanitaires du Tchad qui se sacrifient chaque jour pour sauver des vies. Pour lui, le changement climatique est une réalité qui gangrène déjà très négativement le mode de vie des populations et les rend plus vulnérables. ‟L’urgence climatique est une crise humanitaire. Le temps presse déjà pour des millions de personnes vulnérables au Tchad et dans l’ensemble de la région sahélienne, – celles qui ont le moins contribué à générer l’urgence climatique mondiale mais qui sont souvent le plus durement touchées. Les catastrophes telles que les inondations, sècheresses ou vagues de la chaleur ont doublé ces dernières années, touchant surtout les pays les plus pauvres. La Journée mondiale de l’aide humanitaire est, pour nous, l’occasion de mettre en avant leurs besoins”, exhorte-t-il les acteurs humanitaires. ‟Le Tchad compte environ 5,5 millions de personnes dans le besoin d’assistance humanitaire, dont environ 5,1 millions en situation d’insécurité alimentaire. A ces personnes, s’ajoutent plus de 500 000 réfugiés, plus de 400 000 déplacés internes et plus de 120 000 retournés. Toutes ces personnes vulnérables sont appuyées par une population d’accueil estimée à environ 700 000 personnes qui partagent leurs ressources avec elles. Les opportunités de produire pour subvenir elles-mêmes à leurs besoins et à ceux de leurs familles sont insuffisantes du fait de l’insécurité permanente dans leurs zones d’origine, aggravée par les changements climatiques qui impactent particulièrement la production agricole et animale. Pour s’adapter à ces situations humanitaires, elles adoptent parfois des stratégies de survie qui mettent leur vie en péril et portent atteinte à leur dignité”, ajoute-t-il.
Le ministre de l’Economie, de la planification du développement et de la coopération internationale, Issa Doubragne, trouve que cette célébration est une belle occasion de rendre hommage aux travailleurs humanitaires qui font chaque jour preuve de courage et d’altruisme alors qu’ils travaillent dans des circonstances extrêmes. Il les exhorte à changer de méthode de travail pour que l’aide qu’ils apportent puisse être durable. ‟La Journée mondiale de l’aide humanitaire devrait nous servir de cadre de réflexion sur le renforcement des capacités du Tchad à faire face à ces effets du changement climatique qui accroît la vulnérabilité des populations et les maintient dans un état de pauvreté chronique. Dans un tel contexte, les humanitaires plus que jamais devraient changer leur paradigme et s’inscrire résolument dans une action humanitaire innovante en mettant de côté les considérations dogmatiques vieilles de cinquante ans pour adapter leurs réponses à l’évolution des temps, des priorités et des réalités socioculturelles nationales. Ceci passe aussi par la considération des besoins réellement exprimés par les populations bénéficiaires”, conseille le ministre.
La rencontre prend fin par une conférence-débat autour du thème : ‟un challenge global pour l’action humanitaire en solidarité avec les populations des pays les plus exposés aux catastrophes naturelles et les plus durement touchés par le changement climatique”, conduite par le ministre de l’Economie, de la planification du développement et de la coopération internationale ; Romain Darbellay, directeur de la coopération suisse, représentant les bailleurs de fonds ; Claude Jibidar, directeur pays du Pam, représentant les agences de l’Onu et Laurent de Ruyt, directeur pays de Concern Worldwide, représentant les Ong.
Le 19 août a été institué comme Journée mondiale de l’aide humanitaire en 2008 par l’Assemblé général des Nations Unies pour rendre hommage aux victimes de l’attentat contre le bureau des Nations unies à Bagdad, en Iraq le 19 août 2003 au cours duquel 22 personnes avaient perdu la vie, y compris le Représentant spécial du Secrétaire des Nations unies en Iraq, Sergio Vieira de Mello.
Minnamou Djobsou Ezéchiel