Le système éducatif tchadien évalué

Le ministère de l’Education nationale et de la promotion civique a organisé un atelier de restitution des résultats nationaux de l’évaluation du système éducatif tchadien, réalisé par le Programme d’analyses des systèmes éducatifs (Pasec 2019) de la Conférence des ministres de l’éducation des Etats et gouvernements de la francophonie (Confemen).

14 pays y compris le Tchad y ont participé, a informé le Pr Abdéramane Baba Moussa, secrétaire général (Sg) de la Confemen arrivé pour la circonstance. En décembre 2020, dit-il, le rapport international a été publié à Dakar. Ce rapport présente une comparaison des performances des 14 pays dont le Tchad, qui a participé à l’évaluation “(…) en dépit des efforts consentis par les Etats et la communauté internationale, malgré les progrès enregistrés dans le domaine de l’Asec, la réalisation des objectifs de l’éducation primaire et de qualité pour tous demeure une préoccupation permanente(…)’’. C’est pour répondre à ce souci majeur que les ministres de l’éducation des pays membres de la Confemen ont créé le Programme d’analyse du système éducatif de la Confemen (Pasec), pour servir d’outil de pilotage de la qualité de l’éducation, a-t-il expliqué. Les résultats présentés sont issus d’une longue démarche scientifique et consultative qui a permis d’une part, de mesurer les compétences en mathématiques et lecture de 1843 élèves répartis dans 150 écoles et de 4 932 élèves répartis dans 318 écoles. Et d’autre part de faire une enquête auprès de 1330 enseignants.

 

Des efforts importants restent à faire

Malgré les mesures prises par l’Etat tchadien pour améliorer la qualité de l’éducation, l’évaluation révèle que des efforts importants restent à faire. “Le rapport doit être considéré comme une base essentielle, dans la perspective de développer ces efforts. En effet, comme c’est le cas dans les autres pays ayant participé à l’évaluation 2019, des ajustements sont à opérer pour des questions d’équité, de formation des enseignants et de disponibilité des ressources pédagogiques de qualité. Il est nécessaire de prendre des mesures diligentes, et d’identifier les pistes d’actions les plus pertinentes’’, conseille le Sg de la Confemen.

Pour ce dernier, les plans sectoriels de l’éducation servent en général de cadre stratégique à un pays, pour améliorer la qualité de l’éducation. C’est pour cela qu’il sert de référence à la Confemen pour orienter son action, en direction des Etats membres et au Tchad en particulier.  L’évaluation Pasec 2019 permet d’identifier des pistes de réflexion orientées vers l’amélioration de la qualité de l’éducation au Tchad, en vue d’atteindre des cibles (ODD 4) à l’horizon 2030. En dehors des résultats, le rapport devra permettre d’alimenter les débats à tous les niveaux et aux acteurs du système éducatif. Cependant, afin de mieux accompagner les Etats membres, la Confemen a dernièrement réalisé une étude sur la mise en œuvre des plans sectoriels de 17 pays membres dont le Tchad et il ressort de cette étude que pour l’ensemble de ces 17 pays, des efforts importants restent à faire pour éviter le risque de non atteinte des cibles (ODD 4) à l’horizon 2030. En janvier 2022, lorsque les 17 pays se sont réunis à Dakar, il a été retenu d’œuvrer autour de cinq axes importants : l’amélioration de la qualité des enseignants, avec un accent particulier à mettre sur les sciences et les mathématiques ; l’amélioration de la qualité des ressources éducatives ou ressources humaines ; le renforcement de l’éducation et la protection de la petite enfance qui est le soubassement à la réussite de tout parcours éducatif ; la prise en charge des enfants par le système éducatif, notamment à travers les alternatives éducatives ; le renforcement de l’enseignement technique et professionnel, a relevé le Pr Abdéramane Baba Moussa. Cela, grâce aux actions complémentaires du Pasec et du Programme d’appui aux changements et à la transformation de l’éducation (Pacte).

 

Inverser la tendance actuelle

A l’ouverture des travaux, le ministre de l’Education nationale et de la promotion civique, Mognan Djimounta a d’abord remercié les partenaires techniques et financiers traditionnels que sont l’Agence française de développement et la Ddc Suisse. “Le Tchad a participé aux deux évaluations internationale (2014 et 2019) du Pasec. L’évaluation 2019 a connu des innovations avec des tests qui ont permis de mesurer les compétences de nos enseignants. Avec cette participation, il y a lieu de s’interroger si les performances de nos élèves sont en adéquation. Comme innovation également, les élèves arabophones ont été testés dans les classes de Cm2. L’évaluation 2019 permet au Tchad de connaître sa position exacte à travers les compétences de nos élèves (…) Nous sommes tous interpelés à faire avancer l’ODD 4 au Tchad (…) Les résultats de l’évaluation 2019 ne sont pas reluisants pour le Tchad. Il faut inverser la tendance actuelle”, conclut et rappelle le ministre Mognan.

Le rapport est un document de 20 pages, titré “Le résumé exécutif de la qualité du système éducatif tchadien (Pasec 2019)”.  Il est introduit par le contexte et la méthodologie de l’évaluation en question. S’en suivent les performances scolaires des élèves en début et fin de scolarité primaire (chacun contenant 2 tableaux et deux graphiques). Ensuite, l’analyse de l’environnement scolaire et en lien avec les performances des élèves, l’aspect compétences et caractéristiques des enseignants enquêtés (2 tableaux et 2 graphiques). Les formations initiales et continues complètent l’analyse. Des pistes de réflexions et d’actions pour la politique éducative en 12 points sont proposées.

Roy Moussa