Le tir à l’arc laissé pour compte

Le président de la Fédération tchadienne du tir à l’arc, Nguelet Colombe, par ailleurs trésorier du Comité olympique et sportif tchadien (Cost) explique pourquoi les archers sont devenus des laissés pour compte, même pendant cette pandémie de la Covid-19.

Tout de go, Nguelet Colombe informe que le ministère en charge des sports a choisi (Ndlr: le 26 juin 2020) deux jeunes sportifs par fédération, pour les assister par rapport à la pandémie du coronavirus. Les jeunes lutteurs ont reçu chacun un million de francs CFA alors que leurs collègues archers n’ont obtenu chacun que 100.000 francs CFA. Et pourtant, ajoute-t-il, les archers rentrent toujours avec des médailles, lors des différentes compétitions internationales, comparativement aux autres disciplines sportives. Les raisons de son aversion sont très claires. En tant que trésorier du Cost, Nguelet Colombe avait, il y a quelques mois, dénoncé publiquement les malversations financières et détournements effectués par le président du Cost. Ce qui lui vaut l’inimitié de ce dernier. Colombe dit avoir recueilli selon les textes de base, les deux tiers des signatures requises des membres, pour obtenir la tenue d’une Assemblée générale extraordinaire (Age) à cet effet. Mais curieusement, le ministre des Sports demande qu’il lui fournisse les preuves de l’accusation avant qu’il n’autorise la tenue de l’Age. Il réfute cette proposition du ministre et se dit être élu par les présidents des fédérations et associations sportives à qui il doit rendre compte et non au ministre. “J’assume et je persiste qu’il y a malversations et détournements au Comité olympique. Je détiens les preuves et les conserve pour les présenter le moment venu, à ceux qui m’ont élu”, maintient-il. Si c’est une fausse accusation, pourquoi n’intente-t-on pas une action en justice contre lui pour diffamation, continue-t-il à s’interroger. Le bureau du Cost va vers la fin de son mandat en 2021. Colombe projette à l’occasion, rendre compte de son bilan aux électeurs, à défaut d’une assemblée générale extraordinaire.

En décembre dernier, la tenue d’assemblée générale ordinaire qu’il qualifie de mascarade a été boycottée par les signataires de la tenue d’une Ag extraordinaire. Lors de cette assemblée, les participants ont tous émargé et perçu 100.000 francs de jetons de présence, affirme-t-il, avant d’ajouter qu’une Ag n’est pas un conseil d’administration. Cela va se justifier comment dans le budget s’est-il posé la question. Il ajoute que depuis trois ans que le bureau est élu, aucun budget n’est voté. Dès qu’il y a disponibilité d’argent, il est dépensé de manière artisanale. Le budget qu’il a élaboré depuis 2017 n’a pas été approuvé, parce qu’il ne convenait pas au président, donc cela n’a jamais été pris en compte, soutient-il. Aujourd’hui, il dénonce une certaine complicité entre le ministère et la présidence du Cost. Ce qui crée des désordres, car toutes les fédérations signataires pour une Ag extraordinaire, sont présentement mises en difficulté par le Cost et le ministère. Les tentatives pour joindre le président du Cost pour avoir sa version des faits ont été vaines.  Ce dernier ne décroche pas son téléphone.

Un sport qui remporte mais négligé

Pour le trésorier du Cost, ce qui s’est passé dans l’attribution des financements aux jeunes sportifs en est une parfaite illustration. Sinon comment expliquer cet encouragement choisi. Il admet avoir maille à partir avec la présidence du Cost et le ministère, mais de là à mettre toute la fédération du tir à l’arc et partant tous les archers dans le même panier est ignoble. Il informe que toutes les activités étaient arrêtées avant la pandémie parce que les financements liés aux activités du tir à l’arc sont bloqués. “On refuse de régulariser les préfinancements pour les sorties à l’extérieur des archers obtenus sur la base des engagements de dettes et des découverts bancaires pour y faire face”, révèle-t-il. Ce sont ces préfinancements qui ont toujours permis aux archers de prendre part aux diverses compétitions et glané toutes les médailles.

Aujourd’hui, l’ambition du trésorier du Cost est de hisser très haut le tir à l’arc tchadien et laisser plus de trace dans les annales des instances internationales. C’est pourquoi il se dit prêt à quitter le bureau exécutif du Cost le moment venu, si c’est sa personne qui doit entraver le développement de ce sport qui rapporte autant de médailles au Tchad et par-dessus tout non argentivore.

Une présence gênante

La fédération compte sept ligues en province et plus de deux cent archers. Mais elle manque de moyens pour encadrer ces jeunes pétris de talents et qui aiment ce sport. Aux jeux de Rabah (Maroc), les archers ont ramené beaucoup de médailles, avec en prime, Israël qui est en passe de se qualifier pour les jeux olympiques. Faute de moyens, la fédération a sollicité l’appui de  la fédération internationale, qui vient d’équiper Israël en matériel pour une valeur de dix millions francs CFA. Grâce à cet équipement, il pourra rattraper le petit point qui lui manque pour aller aux Jo. Malgré que ce soit un don, Colombe dit avoir eu du mal à sortir ce matériel de la douane. Réélu en 2018 pour un mandat de quatre ans, Colombe pense que certains souffriront peut-être de sa présence jusqu’en 2022. Et s’il faut boycotter le tir à l’arc jusqu’en 2022, il peut aussi disparaître. Ce qui serait vraiment dommage pour le Tchad. “Je suis pour l’équité et la justice. Si c’est cela qui dérange les gens, je suis désolé. Apparemment, on n’aime pas ceux qui font avancer les choses”, conclu-t-il.

 Roy Moussa