Les défis des médias traditionnels 

Que l’on soit au Tchad ou à l’autre bout du monde, l’environnement des médias traditionnels est confronté à des défis de l’heure, au regard de l’évolution des technologies de l’information et de la communication (Tic).

Les défis sont communs sur plusieurs aspects, avec des difficultés inhérentes à chaque pays selon les cas. La concurrence née de l’avènement des réseaux sociaux, à vouloir informer autrement, a été au cœur d’une rencontre entre médias tchadien et chinois. La visite média effectuée par une délégation tchadienne (dont les médias N’Djaména Hebdo et Tchadinfos), lors de son séjour chinois du 18 au 27 août 2024, au siège du journal chinois “Global Times” à Beijing, a permis d’échanger sur les expériences quotidiennes, de confronter les points de vue, et d’envisager des collaborations, en vue de développer des stratégies d’adaptation, face à l’environnement concurrentiel. Il a été question de l’environnement médiatique chinois et tchadien à partir des éléments de comparaison, l’avènement des réseaux sociaux et de la coexistence par rapport aux médias traditionnels, ainsi que celui de l’intelligence artificielle dans l’espace médiatique, la question des lignes éditoriales des organes publics, privés et de la viabilité économique des organes, ainsi que celle de la collaboration avec les difficultés de l’accès à l’information avec les différences linguistiques, surtout que l’Afrique n’a pas les mêmes accès aux réseaux sociaux, etc.

Ding Shi, le directeur de Global Times Online, relève que face au choc engendré par ces nouveaux médias, “Nous sommes confrontés à cette concurrence très féroce, surtout ici en Chine. Il y a quelques années, le nombre des médias officiels dépassaient 10 000, avec beaucoup plus de comptes médias privés. Depuis une dizaine d’années, beaucoup de médias ont déjà disparu. Certains ont trouvé leur voie propre pour survivre. C’est notre cas à Global Times Online, une presse traditionnelle différente des réseaux sociaux, qui pour le moment, occupe toujours le 1er rang en Chine”. Mais Ding Shi s’inquiète aussi que dans cette période expansive d’informations, le constat est la tendance à la diminution des abonnés. Pour lui, les internautes investissent les domaines d’actualités de l’information, alors que ce sont les médias traditionnels qui sont prioritaires dans le traitement de telles informations. Ce qui est aussi un problème réel des médias chinois, observe-t-il. Une préoccupation partagée par le Tchad, ce qui est compris par la partie chinoise.

L’on retient des échanges, que la règlementation autour des médias doit être renforcée, afin que leur environnement soit assaini, pour assurer et garantir le professionnalisme.

 

S’adapter et anticiper sur l’évolution à la transformation

En Chine, explique Ding Shi, pour ce qui est de Global Times Online, 4 transformations de l’époque numérique se sont opérées. La première est la mutation de la presse écrite vers le site web, ensuite la 2e du site web au blog, puis la 3e du blog au compte Wechat et la 4e c’est de la plateforme Wechat vers une plateforme spécifique qui diffusent des courtes vidéos. Maintenant, dit-il, il est question de relever les défis médiatiques de l’Intelligence artificielle (Ia). Les mesures prises ou à prendre par le gouvernement ne peuvent pas garantir la survie des médias traditionnels, fait-il observer. “Il faut anticiper sur l’évolution de la tendance à la transformation, c’est pourquoi ces dernières années, nous avons organisé des formations sur la voie des transformations des contenus”, prévient le directeur Ding Shi qui révèle deux types de voie des transformations existants. Celui des occidentaux, notamment l’exemple des Usa où le coût est élevé, et celui de la Chine qui apporte une autre voie de développement moins chère pour les médias.

 

Aller vers la coopération et collaboration

Comment définir la collaboration pour échanger les contenus des informations, par rapport aux lignes éditoriales de Global Times Online, et celles des médias privés sous d’autres cieux qui ont une liberté de ton ? Ding Shi estime que c’est une question omniprésente dans tous les pays du monde. “En Chine également, nous avons des médias gouvernementaux et privés. Même les médias officiels ne partagent pas les mêmes opinions sur certaines actualités. Dans les médias privés, les opinions sont plus diversifiées et accessibles à la population chinoise. En Chine, nous avons des lois et textes qui règlementent cela, surtout pour les réseaux sociaux. Il faut toujours travailler dans le cadre des lois et textes pour exprimer ses opinions”. Il ajoute en suggérant que dans le cadre de la collaboration et coopération avec les médias étrangers, “Même si on ne partage pas les mêmes opinions, on peut en discuter et échanger pour communiquer. Les opinions diversifiées n’empêchent pas de coopérer et faire le travail”. La mission de Global Times Online est d’abord de couvrir les actualités internationales et publier des articles en chinois pour les lecteurs, mais aussi consacrer un espace pour les histoires chinoises à l’international, avance-t-il.

Les questions relatives au taux de pénétration d’internet qui est bas en Afrique et à peine 20% au Tchad, et du décalage horaire qui peuvent impacter le travail de collaboration, n’ont pas été perdues de vue. Ding Shi pense que c’est une question de vivacité dans le progrès. Le Rwanda est là et peut justifier le contraire. Grâce au futur dans le cadre de la coopération avec les entreprises chinoises, dit-il, le Tchad peut par exemple avoir un bon accès à l’Internet. “Surtout que le Tchad est un pays important dans le cadre de l’initiative de “la ceinture et la route”. On peut avoir des entrepreneurs qui peuvent construire l’infrastructure de l’Internet au Tchad”, espère-t-il.

Par rapport au décalage horaire, Mme Jian Wang, chargée des informations internationales, qui gère une centaine de pays dans le monde, renchérit que la coopération profite aux deux parties. Dans la communication au quotidien, différents types de canaux sont utilisés. En Chine par exemple, il est très souvent utilisé le Wechat, alors que dans les pays africains on utilise le Whatsapp, une application qui n’est pas accessible dans d’autres pays. L’option de travailler en collaboration c’est d’utiliser les emails, conseille-t-elle. Ce qui prend quelques fois du temps. “Voilà pourquoi, selon les besoins du partenaire, on lui demande son application préférée. Puis on va l’utiliser, en créant un groupe de travail pour le projet en question, afin que la communication soit assurée en temps réel”, renseigne-t-elle.

Ding Shi s’est réjoui d’informer que Global Times Online figure parmi les meilleurs médias de la Chine, avec une grande influence dans le monde. Il admet qu’il y a moins de journalistes correspondants en Afrique comparativement à la région Asie-Pacifique. “C’est la réalité pour la plupart des médias chinois (…) Avec l’avènement du numérique, même s’il n’y a pas assez de correspondants en Afrique, nous pouvons collaborer avec des médias locaux africains, et échanger nos ressources d’actualité. Et pourquoi pas avec des médias tchadiens ?” suggère-t-il.

Roy Moussa

 

 

 

 

 

 

 

 

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