Les réactions de la communauté internationale

Compte tenu des conditions dans lesquelles Idriss Déby est mort et  la crise qui s’en suit, les membres de la communauté internationale se prononcent. Des réactions parfois réservées, imprécises et claires sur la mise en place d’une transition militaire.

Cette semaine, l’image de Déby a fait le tour du monde.  Les conseils des ministres de certains pays, les réunions de très hauts niveaux ont débuté par des hommages au président Idriss Deby Itno. Avant ces actes, plusieurs personnalités ont réagi en leur nom propre ou de ceux de leurs pays ou institutions. Quasiment tous les présidents africains ont réagi et laissent entendre les rapports personnels établis entre le président Déby et eux. Certains ont décrété des journées de deuil national à l’image du Mali (3 jours), de la République démocratique du Congo, du Cuba. “La disparition du président Idriss Déby Itno est une lourde perte, non seulement pour son pays, le Tchad pour lequel il est allé jusqu’au sacrifice suprême, mais aussi pour la région sahélienne et l’Afrique. Il s’est illustré dans notre histoire récente qu’il a d’ailleurs contribué à façonner par son engagement et sa vision d’une Afrique unie et forte”, a déploré dans un communiqué, le président de la transition malienne, Bah N’daw. Le 23 avril, jour de l’enterrement, les 131 bureaux des agences des Nations unies dans le monde ont mis leurs drapeaux en berne en hommage au Maréchal du Tchad. Deux jours plutôt, le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres déclare que “le président Déby Itno était un partenaire essentiel pour l’Onu et a contribué de manière significative à la stabilité régionale, en particulier dans le cadre des efforts de lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et le crime organisé au Sahel”. L’ambassade des Etats-Unis au Tchad, quant à elle, s’inquiète de l’après Déby. Dans un communiqué, elle souhaite “une passation de pouvoir dans la paix conformément à la constitution tchadienne”.

Le parti socialiste français à travers un communiqué “appelle la France à répondre aux aspirations démocratiques du peuple tchadien. Le Ps exprime ses vives préoccupations face la prise de pouvoir immédiate et hors cadre constitutionnel par un Conseil militaire de transition dirigé par le fils d’Idriss Déby qui  suscite des inquiétudes légitimes sur l’avenir et la stabilité du pays et sur les conséquences sécuritaires dans la région”. Le Ps par ailleurs, espère que la période qui s’ouvre au Tchad doit être enfin celle d’une nouvelle chance pour instaurer la voie de la démocratie et de l’Etat de droit qui sont des piliers de la stabilité durable.

Dans le même sillage, le juriste, universitaire et le redoutable opposant politique camerounais, Maurice Kamto souhaite “au Tchad de trouver des ressources de pardon pour permettre à ses enfants de chercher dans un dialogue inclusif apaisé, les voies et les moyens d’organiser la succession du président défunt dans le respect de la constitution de leur pays. C’est le meilleur moyen d’éloigner durablement le spectre de violence dont a souffert ce peuple courageux qui n’aspire qu’à la paix pour promouvoir son développement, et ainsi de préserver l’avenir de la jeunesse tchadienne qui, en tant que jeunesse africaine, est aussi la nôtre”.

 

L’Ua s’inquiète

Le Conseil de paix et de sécurité (Cps) de l’Union africaine (Ua) s’est réuni le 22 avril à Addis Ababa pour se pencher sur la situation très tendue au Tchad. Une réunion à l’issue de laquelle une déclaration a été faite au tour de 12 axes.

Dans ce document, le Cps exprime sa profonde préoccupation face à la recrudescence de de la violence, de l’insurrection de la rébellion et son corollaire, l’insécurité et les tensions politiques accrues dans toute la région du Sahel, ainsi que dans les pays voisins, qui sont toutes des conséquences du conflit en Libye et du rythme opérationnel croissant des rebelles.

En réponse au Conseil militaire de transition qui se met en place, le Conseil de paix et sécurité de l’Ua exprime également sa grave préoccupation en se basant sur les dispositions pertinentes de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance ainsi que la Déclaration de Lomé. Le Cps souligne la nécessité urgente d’un dialogue national entre toutes les parties et exhorte un engagement de tous les concernés et les instances internationales afin de retrouver le chemin du retour à l’ordre constitutionnel et le transfert du pouvoir politique aux autorités des civiles. Il conclut en demandant qu’une enquête internationale soit ouverte pour élucider les zones d’ombre sur la mort brutale du défunt Idriss Déby Itno.

Nadjindo Alex