Après les 100 jours du Conseil militaire de transition (Cmt), le président de l’Union des démocrates pour le développement et le progrès (Udp), a organisé une conférence de presse le 31 juillet au siège de son parti, pour relever les tares du Cmt et décrier ses intentions de confisquer le pouvoir au-delà de la période de transition.
“Les actes pris jusqu’ici puent l’haleine d’un bébé”, ainsi résume le leader de l’Udp, les 100 jours du Cmt à la tête du Tchad. Pour lui, l’incertitude et les questionnements demeurent puisque le Cmt envisage confisquer le pouvoir. Malgré la sécurité et la paix clamées par les membres du Cmt, eux-mêmes ne dorment pas, parce que la capacité de frappe des groupes rebelles demeurerait intacte, renseigne-t-il. L’homme politique martèle que ce groupe militaire qui a transformé une victoire militaire en victoire politique refuse de modifier une charte qui est floue, contradictoire en superposant un exécutif à deux têtes. Il s’interroge aussi sur le rôle du Cmt et sa gloutonnerie financière. “Les membres de ce groupe ont-ils de responsabilité pour disposer de Secrétariat général et des conseillers? Quelles sont ses responsabilités et en quoi consistent-elles? Quelle est la contribution du Cmt à la conduite des hautes charges de l’Etat et dans la supposée transition pour absorber autant d’argent du contribuable tchadien”, questionne Max Kemkoye. Il constate en sus que depuis le 20 avril, l’équilibre de pouvoir est rompu, l’ordre de tirer pour tuer est devenu systématique, les institutions et leurs présidents sont totalement soumis. Il prédit que les élections prévues n’auront pas lieu et juge la feuille de route irréaliste au vu de ce qui est fait et qui reste à faire.
En ce qui concerne le dialogue, le président de l’Udp estime qu’il ne sera ni plus, ni moins que la répétition des précédents fora et la reprise des hostilités n’est pas à écarter, puisque le Cmt et son gouvernement s’obstinent à refuser la participation des groupes armés en conflit avec l’ex régime après, se maintenir au pouvoir au nom de la sécurité. “Monsieur Mahamat Idriss Déby, montrez-nous un seul acte politique osé ou simple que vous avez posé depuis votre prise de pouvoir, dans l’intérêt général qui peut convaincre un tchadien en dehors de vos obligés et alliés”, défie-t-il le président du Cmt. Pour lui, l’esprit de non ouverture du Cmt se traduit dans la composition du gouvernement de transition, qu’il qualifie d’un “conglomérat des opportunistes et des gens qui ont servi le père et qui sont appelés à servir le fils, moyennant espèces sonnantes et avantages, pour consolider son pouvoir comme celui de son père à ses débuts après les premières élections de 1996”.
Max Kemkoye estime qu’il ne faut rien attendre de l’Union africaine, de l’Union européenne et des Nations unies. “Ne nous fions pas à la fatalité. Il est temps de commencer à envisager et à préparer sérieusement, par les moyens politiques admis, le départ du Cmt après les 14 mois qui restent, si celui-ci tente de se maintenir au pouvoir. Et l’Udp est prêt à y contribuer”. Toutefois, il indique que l’Udp n’envisage pas appeler à descendre dans les rues face, aux gens qui n’hésitent pas à tuer les manifestants aux mains nues. “Le Tchad est la carte de visite de la dictature”, conclut-il.
Lanka Daba Armel