Pas d’engouement pour le vaccin contre la Covid-19

La campagne de vaccination contre la Covid-19 a été lancée le 4 juin 2021, après que le Tchad a réceptionné 200 000 doses le 2 juin, offert gracieusement par la Chine. A la date du 25 juin, au regard de quelques statistiques obtenues dans certains postes de vaccination retenus à N’Djaména et Moundou, le flop est de mise.

Les 200 000 doses de vaccin reçues pour cette phase 1, concernaient 50 000 personnes, parmi les cibles suivantes: le personnel de santé de première ligne, c’est-à-dire ceux qui sont affectés dans le centre de traitement Covid-19 et dans d’autres structures sanitaires; les personnes âgées de 65 ans et plus; les pèlerins et les personnes qui ont des maladies chroniques telles que le diabète, l’hypertension, les maladies rénales, etc. Il est prévu un maximum de 250 personnes à vacciner par jour.

 

Réadapter la stratégie de communication du ministère

Le constat réel au regard des chiffres, incite à une réadaptation de la stratégie de communication du ministère de la Santé publique. A l’exemple des postes de vaccination qui ont été disponibles, pour fournir les informations. A la date du 24 juin 2021 à 12 h, le complexe hospitalier universitaire le Bon samaritain (Chu-BS) situé au quartier Walia a accueilli cinq personnes dont trois femmes. Ce qui a porté le nombre des vaccinés depuis le 4 juin à 434, avec 9 cas d’effets secondaires mineurs enregistrés dont 7 personnels de santé (5 hommes et 2 femmes) et 2 autres personnes. Il n’a été signalé aucun cas d’hospitalisation.

Au 23 juin 2021, à l’hôpital de la mère et de l’enfant (Hme) à 11 h, deux personnes (une dame et un étudiant) sont venus se faire vacciner. Ce qui a porté le nombre des vaccinés à 1180 personnes, dont au niveau du personnel de santé, 158 hommes et 115 femmes, et les autres 601 hommes et 306 femmes. Le pic est de 184 vaccinés le 7 juin 2021 contre un plancher de 9 vaccinés le 22 juin. En ce qui concerne les effets secondaires mineurs signalés, il y a eu 5 cas chez les hommes et 3 cas chez les femmes.

Le 22 juin 2021, à l’hôpital militaire d’instruction (Hmi), le nombre total des vaccinés est de 1202 personnes avec 15 cas d’effets secondaires dont les céphalées : 7, troubles digestifs : 2, frissons : 1, picotement : 1, prurit :1, poly arthralgie : 1, anaphylaxie: 1, asthénie : 1 et palpitations : 1. Le pic au Hmi est de 130 vaccinés le 10 juin 2021 contre un plancher de 9 vaccinés le 18 juin et deux jours (les 19 et 20 juin) sans que personne ne se présente. Le taux d’affluence (au-delà de 100 personnes) par jour observé se situe entre le 5 et 8 juin au Hme, et du 6 au 11 juin au Hmi. Soit un total pour trois postes de vaccination à N’Djaména de 2 816 vaccinés avec 32 cas d’effets secondaires mineurs.

Au niveau de la province du Logone occidental, le délégué sanitaire provincial, Dr Wongram joint au téléphone, présente la situation suivante du jour 1 au jour 15: “Au début, il a été question d’organiser plusieurs campagnes pendant 10 jours, mais le ministre a jugé important de continuer. Chaque province doit développer ses propres stratégies, afin de continuer la vaccination, et nous continuons toujours de vacciner. Du premier au quinzième jour, nous avons vacciné 690 personnes, dont 511 hommes et 179 femmes. Et comme la première phase n’est pas généralisée pour tout le monde, nous l’avons axée effectivement vers le personnel de la santé, les personnes qui ont des maladies associées tels que l’asthme, l’hypertension, le diabète, les personnes âgées de plus de 65 ans et aussi les candidats au pèlerinage. Sur les 690 vaccinés, nous n’avons pas enregistré un cas de manifestation adverse post injection, sauf des petits effets secondaires (maux de tête, somnolence), qui ont été pris en charge automatiquement et cela n’a pas perduré. Nous vaccinons en moyenne une trentaine par jour, avec un pic de 85 personnes en J4. Au début nous nous sommes rendus compte qu’il n’y avait pas assez de sensibilisation, et nous avons aussi un peu hésité à sensibiliser une grande masse, de peur de nous faire envahir sans pouvoir faire face. Mais maintenant qu’on nous demande de continuer, nous avons repris avec la sensibilisation de masse, avec cette moyenne d’une trentaine de personnes qui arrivent. On sensibilise aussi ceux qui doivent revenir pour la deuxième dose, 21 jours après la première injection et qui commencent par revenir aussi”.

Des chiffres non exhaustifs à cause du caractère informatif et indicatif, relatif à l’affluence ou non dans les postes de vaccination. On explique, tout comme on susurre que les causes de l’absence d’engouement pour cette vaccination, sont dues à un manque de communication du ministère de la Santé publique et de la solidarité nationale, à l’annulation du pèlerinage du hadj, à la réticence du personnel de santé des postes de vaccination, mais aussi des différents centres de santé. Aujourd’hui, l’on remarque que les catégories cibles pour la phase 1 ne sont plus prioritaires, puisque chacun peut aller se faire vacciner.

 

Communiquer utilement est nécessaire

L’hôpital général de référence national (Hgrn) contacté à la date du 22 juin 2021, a refusé de rendre disponibles ses informations. Motif invoqué par le secrétariat du directeur général : tant que le Hgrn ne reçoit pas une recommandation signée du ministre de la Santé publique en personne, il refuse de communiquer avec les journalistes, qui pourtant, ont été autorisés par la direction de la communication du ministère de la Santé publique.

Avec l’arrivée le 23 juin 2021 des vaccins (Pfizer) commandés par le Tchad, comment le ministère de la Santé publique entend gérer et/ou planifier les campagnes relatives aux six autres phases ? L’objectif de vacciner 50 000 personnes avec le vaccin sinopharm offert par la Chine, reste-t-il de mise, avant de servir à la population les nouveaux vaccins arrivés? Le citoyen lambda, lorsqu’il est interrogé au sujet du vaccin, reste évasif à cause des informations et contre informations qui circulent à ce propos. Certains estiment que le fait de mobiliser la télévision pour annoncer l’arrivée des vaccins ou se faire filmer pendant la vaccination ne suffit pas. Il faut convaincre et rassurer.

Les provinces retenues pour la phase 1 étaient N’Djaména, Moundou et Abéché. Pour rappel, les postes de vaccination retenus sont pour N’Djaména : l’hôpital général de référence nationale, l’hôpital la Renaissance, l’hôpital Mère et enfant, l’hôpital de l’amitié Tchad-Chine, le complexe hospitalo-universitaire le Bon samaritain, l’hôpital militaire d’instruction, l’hôpital provincial de Farcha et le centre international de vaccination situé aux services des grandes endémies comme poste permanent. A Moundou et Abéché, ce sont les hôpitaux provinciaux qui accueillent la vaccination.

Roy Moussa