Note introductive: “La démographie est une science ayant pour objet l’étude des populations humaines, et traitant de leur dimension, de leur structure, de leur évolution et de leurs caractères généraux envisagés principalement du point de vue quantitatif” (dictionnaire démographique multilingue, seconde édition réunifiée, volume français, édition de 1981).
Par rapport aux autres pays africains, le Tchad a été très en retard en matière d’opérations démographiques. Dans les pays africains d’expression française, une première série d’enquêtes statistiques, s’est déroulée entre 1955 et 1965. Le Tchad a réalisé son opération en 1964, une année avant l’année prévue pour la fin de cette série. Relativement au recensement général de la population et de l’habitat, le Tchad n’a participé ni à la série des recensements de 1970, ni à celle de 1980. Il a fallu attendre jusqu’en 1993 pour réaliser le premier Recensement général de la population et de l’habitat et en 2009 pour réaliser le deuxième. Selon les recommandations des Nations Unies, les pays en voie de développement doivent organiser les recensements tous les dix ans. Cette durée n’est que de cinq pour les pays développés. Après 2009, le troisième Recensement général de la population et de l’habitat devrait être organisé en 2019. Nous sommes en 2022 et ce recensement n’est pas encore réalisé. Comme entre 1993 et 2009, la périodicité de dix ans n’aura pas été respectée. Le deuxième recensement de la population a été organisé 16 ans après le premier et pour le moment, on ne peut prévoir ni la date d’organisation ni la durée censitaire de ce troisième recensement. En termes d’enquêtes, le Tchad n’a pas participé à l’Enquête mondiale de fécondité et n’a organisé sa première Enquête Démographique et de Santé (EDS) qu’en 1996-1997. La périodicité de cette enquête est de cinq ans. Après la première EDS, la deuxième n’a été réalisée qu’en 2004, soit deux à trois ans avec retard sur la périodicité prévue. La troisième Enquête Démographique et de Santé couplée avec l’Enquête à Indicateurs Multiples n’a été organisée qu’en 2014-2015, soit avec cinq à six ans de retard par rapport à la périodicité prévue.
Si le Tchad a été très en retard par rapport aux autres pays africains en matière de collecte d’informations statistiques, qu’en est-il de la formation des démographes, spécialistes de cette discipline ? Vers la fin de la décennie des indépendances et au début de la décennie 1970, ce sont les Agents Techniques de la Statistique, les Adjoints Techniques de la Statistique et les Ingénieurs des Travaux Statistiques qui ont été formés pour la collecte, le traitement et l’analyse d’informations statistiques dans les écoles de statistiques du Maroc, d’Abidjan et plus tard de Yaoundé, de Kigali et de Dakar. Ce n’est que vers la fin de la décennie 1970 que les Ingénieurs Statisticiens Economistes formés au Centre Européen de Formation des Statisticiens Economistes pour les pays en voie de développement de Paris et les Démographes formés à l’Institut de Formation et de Recherches Démographiques (IFORD) de Yaoundé vont faire leur apparition sur le marché de travail. Le premier démographe est Monsieur Nassour Guelengdougsia Ouaïdou formé à l’IFORD et entré en fonction en 1977. Messieurs Keumaye Ignégongba et Ningam Ngakoutou diplômés du même institut sont mis sur le marché de travail en 1980. Suivent Ousman Abdoulaye Haggar, Caman Oumar Bédaou et Oumndagé Kouo en 1982 et 1983. Vers la fin de l’année 1980, l’Université Catholique de Louvain en Belgique a commencé à former les démographes tchadiens. Les premiers diplômés tchadiens de cette intuition sont Messieurs Togbé Ngaguédeba et Bandoumal Ouagadjio dans les années 1987. Il faut dire que les conditions d’entrée dans ces deux institutions de formation des démographes ne sont pas les mêmes. L’entrée à l’IFORD est subordonnée à la réussite d’un concours organisé pour l’ensemble de l’Afrique d’expression française, y compris Madagascar et les Comores. Sont candidats à ce concours les Ingénieurs des Travaux Statistiques, les licenciés en mathématique, en biologie, en géographie, en démographie, en sociologie ou sous réserve d’obtention de ces diplômes. Par contre, l’entrée à l’Université Catholique de Louvain se fait sur étude des dossiers des détenteurs d’un diplôme d’Ingénieur des Travaux Statistiques. Actuellement, le Tchad compte plus d’une cinquantaine de démographes, essentiellement formés à l’IFORD.
Ningam Ngakoutou, démographe à la retraite, a sollicité cette plage pour vulgariser les données démographiques du Tchad au moins durant six mois en utilisant les publications de l’INSSED, de la Direction de la Population et du Développement Humain, de l’Association Tchadienne pour l’étude de la Population et sur la base de ses propres recherches. Dans ces différents articles, l’accent sera mis sur le volume global et la structure de la population observée en 2009, son évolution historique et les facteurs explicatifs de cette évolution, ainsi que les implications de la croissance démographique sur la demande des services sociaux.
Ningam Ngakoutou