Pour une alternance au pouvoir

La transition politique peut-elle conduire à une alternance démocratique au pouvoir au Tchad ? telle est la question qui a sous-tendu l’atelier de renforcement des capacités des organisations de la société civile (Osc), organisé par l’association internationale “Tournons la page (Tlp) Tchad’’ en décembre dernier.

C’est autour du thème “Le rétrécissement de l’espace civique, quelles stratégies pour une démocratie apaisée au Tchad ?’’ que la trentaine des participants a échangés avec les experts requis pour intervenir. Notamment Me Kemneloum Delphine, présidente de l’Association pour la promotion des défenses des droits de l’homme (Atpdh) et Bohuel Pyrrhus Manadji, Commissaire à la Commission nationale des droits de l’homme (Cndh).

Les échanges et débats ont permis d’arriver aux recommandations suivantes. Au gouvernement : la mise en place d’un nouveau calendrier pour la rédaction d’une nouvelle constitution, code électoral et fichier électoral ; la mise en place des organes crédibles chargées des élections futures de manière inclusive ; créer d’un cadre de concertation et de dialogue entre le gouvernement, la société civile, les partis politique et les partenaires ; accélérer l’enquête indépendante aux évènements du 20 octobre 2022 et  autres (Sandanan, Abéché, Mangalmé, léo Mbassa, Kyabé, Nyelim   et autres) ; rendre effective de la Justice sociale (appliquer les textes) ; veiller à  l’application des textes dans le maintien de l’ordre ; accélérer le processus de réforme des textes sur les libertés publiques ; d’organiser les élections libres ; démocratiques et transparentes dans le délai.

Aux partenaires techniques et financiers (Ptf) : exercer de pression sur le Gouvernements à respecter ses engagements ; et appuyer les Organisations de la société civile dans la réalisation de leurs activités (retour à l’ordre constitutionnel).

A la Société civile : Rappeler au Gouvernement le respect de ses engagements ; diligenter les enquêtes sur les différents cas de violations des droits de l’homme pendant la période de transition ; et organiser les campagnes d’éducation civique pour favoriser la participation active de tous.

Le retour à l’ordre constitutionnel

Le coordinateur de Tlp-Tchad Ngarassal Saham Jacques justifie le bien-fondé de la thématique de l’atelier, par le fait que le cas du Tchad est illustratif de cette restriction de l’espace civique, qui tend même vers une menace à l’Etat de droit. En effet, ajoute-t-il, le contexte démocratique est dangereusement marqué par la restriction de l’espace civique et la détérioration de l’Etat de droit à travers des assauts continus contre les libertés fondamentales. La jouissance de la liberté de manifestation pour la société civile est systématiquement interdite depuis quelques temps. Les arrestations et emprisonnement des acteurs civiques sont devenus la règle dans un pays censé faire de la privation de la liberté une exception.

L’analyse du contexte actuel (phase de transition) a permis aux participants d’identifier les éléments indicatifs depuis le 20 avril 2020, de relever les défis et obstacles, de réfléchir à des actions et d’élaborer des stratégies. Il en ressort que cela passe nécessairement par le retour à l’ordre constitutionnel, qui permet d’aller vers des élections libres et transparentes.

Protéger l’espace civique au Tchad

Il revient aux autorités gouvernementales de comprendre le rôle éminemment important de la société civile, s’agissant de la construction de la citoyenneté, de la gouvernance et du développement du pays. Il n’y a pas d’antagonisme entre la société civile et les gouvernants, mais une complémentarité d’actions pour promouvoir la démocratie et l’Etat de droit garantissant le bien-être des populations, a plaidé le coordinateur. “Malheureusement, nos gouvernants perçoivent la société civile comme ennemi à abattre par tous les moyens parce que sa mission de veille citoyenne et de demande des comptes menace visiblement la gouvernance dans notre pays, au point de faire un usage abusif de répression sur les manifestants pour restreindre l’espace civique. Le cas patent et la répression aveugle sur les manifestants du 20 octobre dernier en est un exemple. Face à la gravité de la situation qui caractérise cette restriction de l’espace civique et qui tend, d’ailleurs vers une réelle menace de l’Etat de droit, l’association internationale Tlp-Tchad s’est senti en devoir d’organiser cette session de formation de sensibilisation, afin de réfléchir sur les voies et moyens de protéger l’espace civique au Tchad’’ a déploré le coordinateur de la Tlp-Tchad.

 Roy Moussa