A travers son exposition titré “Trois pays, une culture”, Souleymane Salomon Bombaye dévoile quelques facettes de la diversité culturelle du grand Mayo-Kebbi, notamment chez les peuples Mousseye, Toupouri et Massa, à travers leurs différents festivals communautaires, respectivement le Kodomma, le Gourna et le Tchokna Massana.
Trois peuples qui vivent entre le Cameroun, le Nigeria et le Tchad et qui ont en partage, une même culture. Pour l’auteur : “j’ai intitulé l’expo trois nations, une culture pour expliquer comment ces peuples vivent en cohabitation véritable et réelle, à travers les cultures très riches”. Des propos complétés par ceux du directeur de l’Ift, Pierre Muller, dont l’institution accueille l’exposition jusqu’à la fin du mois de juin. “Souleymane a fait un travail de recherche sur les ethnies du Mayo-Kebbi à travers ses photos. Son œuvre parle de ce qui unit les hommes et les peuples : la culture. Sa démarche traduit l’unité dans la diversité”.
Les photos de Salomon dans le format 1 m x 80 cm et qui sont vendues entre 50 000 et 120 000 francs CFA, parlent, vous parlent et vous installent dans un environnement qui ne laisse pas indifférent. Salomon caresse aussi un autre rêve: celui de découvrir le Soudan du sud qui le fascine, par ses peuples (Nouer et Dinga) dont les traits physiques qui les caractérisent sont proches des peuples Banana, dit-il.
Le scrutateur qui capture et captive
Souleymane Salomon Bombaye, aime souvent dire “Je ne suis pas arrivé accidentellement à la photographie”. Très sollicité pour des photos professionnelles, il est consultant dans le domaine, et travaille avec plusieurs organisations nationales et internationales. Installé au quartier Moursal dans le 6ème arrondissement, il est en passe de créer une galerie photo, dans la rue 5020 où il habite.
Les débuts de ce passionné et amoureux de la photographie remontent à sa tendre jeunesse, en 1976 à N’Djaména. Avec la guerre civile de février 1979, qui a éclaté à N’Djaména, il quitte le Tchad seul, et se retrouve en Allemagne. Là-bas, il découvre qu’il y avait tout ce qu’il fallait comme matériels techniques pour bien apprendre le métier. Il assouvit sa passion en prenant les cours de techniques photographiques et se documente. Puis, il décide de ne pas s’arrêter à ce niveau. Pour approfondir cet art qui lui tient à cœur, il s’inscrit à l’université de Francfort au département des beaux-arts, dans la filière Art pédagogique. La formation lui permet très tôt, d’être exposé aux critiques de la photographie, à telle enseigne qu’à la fin, il devient critique, à force de prendre en compte les remarques et observations. “C’est très important le regard des autres en photographie”, confie-t-il. Son séjour en Allemagne a été une grande ouverture. Il a eu l’opportunité de parcourir plusieurs galeries pour voir les expositions, ce qui a développé son regard dans la photographie. Et ce, jusqu’à arriver à sa première exposition en Allemagne en 1987, dans un petit café, puis au théâtre. Ensuite, il s’est intéressé aux photos des musiciens de jazz lors des concerts ou de Sound check, et a fini par se spécialiser sur le noir et blanc. Mais il apprécie aussi les autres techniques de la photo, à l’exemple des jeux de lumière, ou transformer les lumières. Il a étudié la photo, parallèlement à ses études d’ingénierie en mécanique industrielle et technique d’exploitation. Puis, il s’est retrouvé en Amérique du nord, dans le domaine de la production pharmaceutique nucléaire.
Par la suite, c’est le Canada qui l’accueille. Non loin du festival de jazz de Montréal, il s’installe, passe des jours et nuits entiers dans les différents festivals (Nuit d’Afrique, Juste pour rire, etc.). Ce qui lui permet de se perfectionner et de se spécialiser dans la photographie du jazz. Aujourd’hui, Salomon affirme avec fierté, qu’il a fait de la photographie. Assoiffé de découvrir différents paysages à saisir ou capter pour les fixer, il redescend sur l’Afrique et parcourt le Cameroun, Nigeria, Ghana, Algérie, Libye, et le Mali en traversant son désert depuis Mopti, en passant par Ségou, Gao et Kidal.
De retour au bercail, il s’est retrouvé dans le domaine du pétrole, en train de faire la navette entre l’Europe et le Tchad, pour couvrir les activités pétrolières. Ensuite, il se met à photographier les artistes dans des différents moments. Ce qui a abouti à sa première exposition à l’Institut français du Tchad, en marge de l’évènement dénommé Chad Expo Music, organisé en 2018.
Roy Moussa
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