Les thèmes abordés par les étudiants de la 20ème promotion formés par la Faculté des sciences de la santé humaine (Fssh) de l’université de N’Djaména, mettent à nu les véritables problèmes du système de santé tchadien.
Ils sont 74 candidats qui ont soutenu la semaine dernière, leur thèse de doctorat en médecine générale. Les thèmes abordés dans leurs études sont variés avec des travaux précis appréciés par le jury. Ils partent de la clinique, à la médecine traditionnelle sur le traitement du paludisme en passant par la santé publique, les sciences médicales fondamentales et les traitements médicamenteux.
Les thèmes de recherche choisis par les candidats touchent du doigt, les récurrentes complications constatées chez de nombreux patients admis dans les structures sanitaires du Tchad. Beaucoup de candidats ont abordé des thèmes liés aux maladies des mains sales dans le 7ème et le 9ème arrondissement de la ville de N’Djaména. L’intérêt suscité par le choix de ces thèmes découle des observations faites par les candidats lors de leur stage dans les structures sanitaires. A l’issue de leurs soutenances, les candidats ont révélé les réelles difficultés (qualité de services, manque d’équipements, insuffisance des ressources humaines de qualité, indisponibilité des données scientifiques, etc.) des structures sanitaires au Tchad pour lesquelles des suggestions ont été faites.
Ainsi, le cancer du foie a intéressé l’étudiant Moussa Hassan Elefi. Son travail a consisté à décrire les caractéristiques épidémiologiques, cliniques, diagnostiques et étiologiques de la maladie dans le contexte du Tchad. Ce qui l’a conduit à l’Hôpital général de référence nationale (Hgrn) pour sa recherche. Celle-ci révèle que le cancer du foie représente un taux de mortalité très élevé et le place au deuxième rang du décès spécifique dû au cancer après le cancer du poumon. La recherche de l’étudiant indique qu’au Tchad, le cancer du foie représente l’un des principaux motifs d’hospitalisation.
“Durant notre période d’étude nous avons colligé 219 cas soit une prévalence de 4,9% des cas de l’ensemble de l’hospitalisation au service de gastro entérologie de l’hôpital général de référence nationale de N’Djaména. L’âge moyen était de 49,9 ans avec des extrêmes allant de 39 à 60 ans. La sex-ratio était de 2,4 en faveur des hommes. Le motif d’hospitalisation était une douleur à l’hypochondre droit (65,7% des cas). Les patients présentaient en plus de la douleur, une perception de masse abdominale chez 51,1% des cas, une altération de l’état général soit 47,8% des cas. Les sérologies des hépatites B et C étaient positives respectivement dans 52,6% et 8,7%. Le diagnostic était basé essentiellement sur les données de l’alpha foeto proteine et de l’échographie”, relève Moussa Hassan Elefi. Il conclut que le cancer du foie est une pathologie fréquente au Tchad. Il touche les sujets adultes à prédominance masculine avec une mortalité très élevée. Moussa Hassan Elefi indique que la prévention repose sur les dépistages précoces des facteurs de risques suivis de la vaccination contre l’hépatite B. “Les hépatites B et C, l’alcool, l’obésité, les flotoxines qui est une mycotoxine produit par les champignons, sont entre autres les facteurs de risque du cancer du foie”, identifie-t-il. Le jeune médecin conseille à la population à se faire dépister et vacciner contre les hépatites virales, de consommer modérément l’alcool, d’avoir une bonne hygiène de vie et se faire consulter devant l’apparition ascite ou masse abdominale.
La mort fœtale in utero ou enfant mort-né constitue un réel problème de santé qu’enregistrent régulièrement les personnels sanitaires. Lors de son stage dans une structure sanitaire à N’Djaména, Essomba Zamé Jacques a fait face à plusieurs cas de complications de grossesses qui finissent par la perte du fœtus. Ce qui a aiguillonné son intérêt à creuser pour comprendre ce qui explique les complications de grossesses. Fort malheureusement, il va être confronté à une indisponibilité de travaux ou de données officielles sur la question. Mais cela lui donnera encore plus de tonus pour effectuer son étude. Il s’est intéressé aux aspects épidémiologiques et pronostiques de la mort fœtale in utero(Mfiu) en analysant les facteurs de risque. Il conclut après sa recherche que le paludisme et les pathologies hypertensives constituent les principales causes de la mort fœtale in utero.
Le palu représente un taux de 31% et les pathologies hypertensives (pré-éclampsie et éclampsie, infection urinaire, infection de la filière génitale, rupture utérine, traumatismes, et parfois incompatibilité de rhésus) 17,3%. En ce qui concerne le palu, le jeune médecin souligne que ce résultat s’explique par le caractère endémique du paludisme au Tchad et la faible pratique de consultation prénatale. Lors de cette étude, les données recueillies ont révélé que la mort fœtale in utero a occasionné quelques décès maternels (3,6%) liés à une admission tardive dans des structures sanitaires. Les filles et femmes victimes de la mort fœtale in utero, et qui perdent parfois leurs vies sont généralement non scolarisées et elles représentent un taux de 60%. Les victimes sont soit de très jeunes filles, soit des femmes d’une trentaine d’années.
Nadjidoumdé D. Florent