Le chorégraphe Taïgué Ahmed, de retour des camps des réfugiés au sud du Tchad, a lancé une performance sur le thème de la Covid-19, le jeudi 20 mai 2021 du côté de l’Ift. Il se prépare à aller à Yaoundé (Cameroun) diriger l’atelier “Art-Lab” du 6 au 8 juillet prochain, à l’initiative de l’Unesco, principal partenaire.
L’idée du projet “Art-Lab”, est d’amener l’art dans l’humanitaire et le mettre au service de la réinsertion sociale. L’Unesco travaille beaucoup plus sur la protection et la préservation des monuments et sites, qui relèvent du patrimoine. Mais comment introduire l’art dans le système des Nations unies et le mettre au service de l’humanitaire comme moyens de réinsertion ? Tel est l’enjeu auquel le chorégraphe et danseur Taïgué est appelé à relever. Cela, à partir de son expérience, sur les activités menées dans les camps des réfugiés au Tchad, en Allemagne mais aussi dans d’autres pays. “Tous ceux que j’ai formés, à partir de mon approche pédagogique, sont invités à cet atelier pour témoigner de ce travail devant les bailleurs. Je vais présider l’ouverture des activités, puis diriger l’atelier. Les artistes invités viennent des deux Congo, de la Centrafrique, du Niger, du Burkina Faso, du Cameroun et du Tchad. Ce sont ceux-là justement, qui ont bénéficié de cette approche pédagogique, qui vont démontrer leur expérience. Chaque pays à sa culture et sa manière de travailler dans les différents milieux, y compris celui des réfugiés. L’atelier permettra à chacun de présenter son travail, afin que chaque bailleur humanitaire présent, puisse l’apprécier et se positionner. Il est question de voir comment financer des activités artistiques orientées vers la réinsertion des réfugiés, de la protection des enfants de la rue, des populations vulnérables et à risque à l’exemple des albinos et des femmes démunies”, révèle Taïgué. Ces artistes invités viennent de différentes corporations à savoir théâtre, danse, musique, cinéma, etc. Les bailleurs leur présenteront leurs projet et programme, afin qu’ils réfléchissent à comment insérer cela dans leur travail. Des travaux de groupes sur le montage des projets artistiques sont prévus. Les travaux issus seront soumis aux bailleurs humanitaires, pour leur mise en œuvre par ces derniers, en fonction de leur positionnement. Un atelier qui démarre dans un premier temps au Cameroun, puis sera tournant par la suite dans les autres pays retenus. Le réalisateur Cyrille Danina représentera le Tchad sur les questions des films documentaires en lien avec les camps des réfugiés et les villages qui manquent d’eau potable. Ce dernier couvrira l’atelier afin de produire un support documentaire.
Les bailleurs pressentis et invités à prendre part à cet atelier sont les ministères en charge de l’Action sociale et de la culture, les représentations de l’Union européenne et du système des Nations unies, les organisations internationales non gouvernementales.
Ndam Se Na, l’association culturelle que dirige Taïgué a postulé et bénéficié du financement pour le projet “Art comme moyen de soin des corps traumatisés et réinsertion des réfugiés”. Un projet de l’Union européenne supervisé par Caritas suisse et qui s’exécute en ce moment dans les localités de Maro, Goré et Moïssala, respectivement dans les provinces du Moyen-Chari, Logone oriental et Mandoul. L’association a intégré différents domaines artistiques à l’intérieur, notamment le théâtre, la danse, la musique, etc. “J’ai d’abord axé le travail sur mon approche pédagogique, en commençant par la formation des formateurs sur comment travailler avec les réfugiés en danse et théâtre. Puis, sur comment soigner un corps traumatisé, afin de le réinsérer dans son milieu naturel ou initial. Ça passe par un travail thérapeutique et pour cela, il faut savoir préparer le corps. L’artiste Dja Fat travaille avec eux sur la diction, les différents thèmes, la micro finance”, confie le chorégraphe.
Roy Moussa