Bilan de la marche du 15 février 2022                                                  

Né suite au massacre de Sandanan dans le Mandoul, le Comité de crise a, par un point de presse tenu le 21 janvier 2022 à la Maison des médias du Tchad, fait le bilan de la marche d’indignation du mardi 15 février 2022.

A l’entame du liminaire, Me Hissein Ngaro, membre du comité de crise apporte une précision aux journalistes. “J’ai reçu un appel téléphonique d’une autorité de la police à la veille de la marche. Celle-ci a voulu savoir si on maintenait la marche, j’ai répondu par l’affirmative. Si cela devait être annulé, nous n’avons pas encore reçu une notification formelle de la part du ministère en charge. Ce dernier a promis contacter sa hiérarchie et me rappeler mais finalement rien”, a-t-il informé.

Par la suite, le porte-parole du Comité de crise, Mayana Ndiguingué, exprime ses vives et fraternelles reconnaissances pour la marque de compassion manifestée par la population tchadienne à l’endroit de la population de Sandanan en prenant massivement part à la marche du 15 février 2022, pour la dignité et la justice. Laquelle marche a été violemment réprimée par les forces de défense et de sécurité. Cette marche, organisée suite au massacre de la population de Sandanan, n’a pas été formellement interdite par le ministère de la sécurité, qui a été informé par une correspondance adressée par le comité de crise, et qui a pris le soin de mettre en annexe le compte-rendu de la réunion tenue avec des actions à court et moyen terme à mener.

Le porte-parole du comité Mayana Ndiguingué s’est interrogé sur la brutalité sans pareille mesure dont se sont illustrées les forces qui se sont mises en place très tôt sur le lieu du rassemblement. Sans ménagement, elles ont ouvert le feu, tirant à bout portant sur les marcheurs. “A notre grande surprise, le jour J, les forces de l’ordre ont pris position au point de rassemblement et se sont mis à tirer les grenades lacrymogènes, dispersant la foule à mains nues, en deuil, comme s’il s’agissait d’une insurrection. Ensuite, il s’en est suivi une chasse contre les marcheurs dispersés à travers les quartiers et rue par rue et violant au passage les domiciles privés”, a-t-il déploré.

Suite à cette répression des forces de défense et de sécurité, le bilan non exhaustif établi par le comité de crise fait état de 18 blessés dont 13 femmes et 5 hommes, malgré la présence parmi les marcheurs de l’Archevêque métropolitain de N’Djaména, Mgr Djitangar Goetbé Edmond. Les cas les plus graves enregistrés parmi les blessés sont celui de Mlle Ndadnouba Ingrid Yambaye qui a perdu son œil gauche suite à l’impact d’une grenade. En plus des grenades lacrymogènes, des balles réelles ont également été tirées. Elles ont provoqué d’importants dégâts corporels à l’exemple du cas du journaliste Franklin Djangbei confirmé par le médecin des urgences qui l’a soigné. “Nous avons reçu un total de trois patients dont un garçon de 32 ans avec traumatisme par balle au niveau de l’avant-bras droit. Nous avons objectivé à la radio une fracture ouverte, stable et cette fracture a eu quelques lésions de types hémorragie et nous avons fait une suture, ensuite une contention plâtrée et lui avons indiqué un repos médical de 45 jours, avant qu’il y ait un suivi”, constate le médecin.

Face à l’injustice subie, le comité de crise a exigé l’ouverture des enquêtes indépendantes avec la diligence des organisations nationales et internationales de défense des droits de l’homme, afin que les auteurs du massacre de Sandanan soient arrêtés et jugés. Ensuite, qu’il soit porté plainte en justice des actions contre l’Etat tchadien, pour son silence et sa complicité dans la répression des citoyens, lors de cette marche du 15 février 2022 orchestrée par les Forces de défense et de sécurité.

“Nous saisissons également l’occasion pour informer l’opinion, que conformément aux actions à mener à court terme rendues publiques, le Comité de crise va organiser une descente collective à Sandanan dans les prochains jours. Ceux et celles qui voudraient volontiers se joindre à la délégation, de bien vouloir se rapprocher du Comité de crise pour les modalités pratiques”, conclut le porte-parole.

Modeh Boy Trésor