Budgétisation du Pan de la résolution 1325

Le Public interest law center (Pilc) a calculé les coûts des activités et budgétisé le Plan d’action national (Pan) de la résolution 1325 “Femmes, paix et sécurité” du Conseil de sécurité des nations unies, lors d’un atelier organisé avec ses partenaires de mise en œuvre, les 6 et 7 décembre 2022.

La trentaine des participants a été outillée sur le budget sensible au genre, à travers le calcul des coûts des quatre piliers stratégiques qui constituent les axes majeurs d’activités. Il s’agit de la participation, la protection, la prévention, le relèvement et secours. Deux consultants nationaux ont été commis pour finaliser le budget à adosser au Plan d’action national, et vont travailler avec quelques membres du comité d’élaboration retenus à cet effet. La validation du budget du Pan est attendue dans les semaines à venir, dit-on, au ministère du Genre et de la solidarité nationale (maître d’œuvre).

Samuel Roches, le responsable programme gouvernance à la coopération Suisse (partenaire de mise en œuvre) s’est réjoui que le Comité a su adopter une approche participative et inclusive, afin de développer un plan d’action répondant aux réalités du contexte et aux besoins de la population tchadienne. Le projet actuel du Pan axé sur quatre piliers offre une base solide pour mettre en œuvre la R1325 au Tchad et renforcer ainsi le rôle des femmes dans les mécanismes de paix et sécurité, tout en prenant en compte les faits disproportionnés des conflits sur les femmes. “L’importance de cette thématique mise en œuvre a été confirmée lors des discussions au dialogue national inclusif et souverain (Dnis) dont l’une des recommandations concerne spécifiquement la mise en œuvre de la R1325”, a rappelé le Suisse. Pour ce faire, a-t-il ajouté, il paraît capital que tous les ministères clés concernés (des Armées, de la Sécurité publique, de la Justice, de la Réconciliation, des Finances, de l’Enseignement supérieur, de l’Education, des Affaires étrangères, …) soient fortement engagés dans la mise en œuvre de ce Pan et le prennent à bras le corps pour garantir son efficacité. C’est pourquoi, il a exhorté les représentants de ces ministères à poursuivre leur engagement dans le processus pour construire un Tchad dans une paix durable, où les femmes sont des actrices actives en termes de prévention et gestion des conflits. Il a insisté sur le fait que les objectifs du Pan doivent être réalistes, adaptés au contexte tchadien et que les activités proposées doivent mener à leur réalisation. Ce qui permettra de mobiliser les financements pour la mise en œuvre, ainsi que l’efficience de l’intervention.

 

La nécessité de disposer d’un Pan chiffré et budgétisé

Mme Appoline Moudalbaye, la secrétaire générale du ministère du Genre et par ailleurs présidente du comité d’élaboration du Pan de la R1325, relève que cette phase est une étape fondamentale. “La réussite de la mise en œuvre du Pan dépend de la qualité de son financement, ce qui découle d’une bonne stratégie de mobilisation de son financement, et partant, d’un bon exercice de budgétisation. Nous espérons disposer d’un Pan entièrement chiffré, assorti d’un budget réaliste et des engagements concrets des acteurs nationaux, régionaux et internationaux”, estime-t-elle.

Pour rappel, depuis l’adoption de la Résolution 1325 en 2002, le Tchad n’a pas eu l’opportunité de le traduire en plan d’action national. Ce n’est qu’en 2019 que le processus a débuté par une étude cartographique des priorités nationales, qui a permis de circonscrire et contextualiser l’agenda “Femme, paix et sécurité”. Des consultations ont par la suite été organisées dans les différentes provinces, et permis de prendre en compte les politiques sectorielles en lien avec le plan d’action national de la R1325. Le Pan est défini comme un instrument de portée multisectorielle, incluant les contributions diverses dans une démarche inclusive, participative et qui a abouti à sa validation technique en juin dernier. Aujourd’hui, la validation de son budget constitue une étape ultime vers sa mise en œuvre, dont attendent les partenaires au développement, notamment le Département fédéral des affaires étrangères suisse (Dfae) et l’Agence espagnole de coopération internationale, au développement à travers Global network of women peace builders (Gnwp), une Ong internationale experte mondiale en matière d’élaboration des plans nationaux et le Public interest law center (Pilc), une organisation nationale qui travaille dans le domaine de l’accès à la justice, de la lutte pour l’égalité entre homme et femme, contre les violences basées sur le genre ainsi que pour la promotion de la bonne gouvernance. Les autres partenaires impliqués sont entre autres, le Programme des nations unies pour le développement (Pnud), le Fonds des nations unies pour la population (Fnuap), le Fonds des nations unions pour l’enfance (Unicef), l’Union africaine (Ua) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Cééac).

Roy Moussa