Dakouna Espoir ou le refuge “des enfants de la rue”

Le centre Dakouna espoir, qui récupère les enfants de la rue, rencontre d’énormes difficultés pour la scolarisation et la prise en charge de ces pensionnaires.

Les un allongés sur des bancs, l’air triste ou assis devant le téléviseur ; les autres courbés la tête plongée dans une bassine en train de faire la lessive ou marchant pieds nus dans la cour, etc. Telle est la vie que mènent les enfants dits “de la rue’’ au sein centre Dakouna Espoir. Ici, ils sont à l’abri des atrocités de la vie.

  “Se retrouver dans la rue, n’est pas synonyme de voyoutisme ou de délinquance. La rue n’a jamais enfanté, alors si on s’y retrouve, c’est à cause des difficultés d’ordre familial et de la vie. Un enfant a le droit d’être heureux mais si le contraire s’impose, que peut-il faire si ce n’est se retirer et prendre de la drogue pour oublier ses problèmes et dormir en paix”, se console Fabrice. Parmi ces enfants existent des orphelins.

Aleva Ndovogo Fude, président fondateur du centre Dakouna espoir, a vécu la même situation de la rue. C’est suite à une incompréhension avec son père pour son attachement à la danse. C’est de cette vie déplorable menée auparavant et de sa passion pour la danse que l’initiative de créer ce centre lui est venue. Son but, créer une ambiance de partage avec les enfants qui se retrouvent dans la rue comme lui par le passé. Son centre est une association qui intervient pour les enfants en situation d’abandon. En amont,  Aleva Ndovogo Fude leur apporte une aide, pour pouvoir les récupérer, les encadrer afin de les réintégrer dans la vie active ou dans leurs familles respectives. L’association considère ces enfants comme des victimes de la société. La seule stratégie de les récupérer, c’est la danse. “Je faisais partie des enfants de la rue. Il y a déjà 3 ans que je suis ici. J’ai décidé de rester à Dakouna Espoir et atteindre mon objectif avant de regagner ma mère. Je rêve de devenir styliste. Mon rêve, c’est d’avoir des machines pour pouvoir continuer la couture et aider les frères qui sont dans la même situation que moi”, révèle Jean.

Certains préfèrent aller à l’école. “Avant, j’étais dans la rue et l’un de mes amis m’a parlé de ce centre. J’ai décidé de venir car je me suis rendu compte que vivre dans la rue n’est pas une bonne chose. Je me suis dit que venir ici pour avoir la chance d’être inscrit à l’école, c’est mieux. Je suis arrivé cette année même dans le centre et ils sont en train de faire les démarches maintenant pour mon inscription. J’espère que tout se passera bien. J’étais en province avant de me retrouver cette année à N’Djaména”, se réjouit Nguesso.

Humanisme

C’est un travail d’humanisme qui a commencé, un lien de familiarité a été créé. Il faut tendre la main à tout le monde. Pour ce faire, l’association a jugé nécessaire de louer une chambre pour loger ses enfants de la rue. Là, le centre Dakouna leur apprend la danse ; les inscrit à l’école et leur donne des formations professionnelles. Grâce à ce projet, en 2019, Dakouna Espoir a inscrit 42 enfants à l’école. Pour cette année, il décide de prendre l’initiative en main. Depuis le 26 septembre dernier, une équipe d’aide à la scolarisation des enfants de la rue est à pied d’œuvre. L’objectif est le parrainage des enfants. “On a demandé des appuis. Pour cette initiative, on a organisé une soirée gala au sein du centre, malheureusement avec la pandémie de la Covid-19, ça n’a pas donné. Certaines écoles ont accepté d’inscrire gratuitement ces enfants en guise de contribution. On a eu quelques promesses des Brasseries du Tchad, du ministère de la Jeunesse et de quelques personnes de bonne volonté”, explique Aleva Ndovogo Fude.

L’association est constituée de trois équipes : l’équipe de terrain, l’équipe administrative et celle de la gestion du centre. Toutes travaillent pour le suivi des enfants.

Par le biais de son partenaire, “Action pour l’éducation et la citoyenneté” (Apec), sous le projet “Appui aux enfants de rue dépendants des stupéfiants’’, Dakouna Espoir envoie les enfants à la cure de désintoxication au Centre diocésain de la recherche action en alcoologie (Cediraa). Et, c’est le psychiatre Djimtolnan Yeungar Etienne qui se charge de leurs soins pendant 10 jours. Ensuite, quelques sociologues leur donnent des conseils pour ne plus retourner dans cette vie. Depuis 2016, l’association a identifié 574 enfants qui vivent dans la rue à N’Djaména. A travers ses actions menées, elle a intégré 247 enfants dans leurs familles. Cette année, 258 enfants ont été ramenés dans leurs familles et 63 sont pris en  charge.

Mais l’association rencontre des difficultés pour la prise dans prise en charge de ses pensionnaires. Aujourd’hui, le centre cumule 350 000 francs fois six mois de loyer impayés. Ainsi, loger ses enfants devient précaire. Ensuite, leur inscription pour la rentrée scolaire 2020-2021 demeure un autre souci.

Mbaïammadji Allahressem Marlène,

Stagiaire