Le défi d’encadrement des déficients visuels

Alors que les élèves du Centre de formation des déficients visuels (Cefodev) vont reprendre le chemin des classes le 15 octobre prochain pour l’année scolaire 2020-2021, leur structure de formation située à Ngonnba dans le 9ème arrondissement fait face à de nombreux défis.

Perdu dans les faubourgs, à la sortie sud de N’Djaména, la localisation et la visibilité  du Cefodev posent déjà problème. Après le cimetière de Ngonnba, il faut se renseigner à chaque 100 mètres de peur de se perdre, tellement que le chemin pour y arriver est tumultueux, zigzagué tel un labyrinthe. Après moult tracasseries, nous nous retrouvons à une dizaine de mètres du centre en train de demander de nous situer. Même à cette distance, il est difficile de l’identifier. Un regroupement de maisons, avec une petite cour, donnant l’impression d’une concession familiale. A l’entrée principale, exiguë, se trouve un tableau sur lequel se lit un communiqué sur les inscriptions et les réinscriptions pour la nouvelle rentrée. A l’extrémité du tableau sont affichés sur des formats l’exégèse de la genèse du centre avec  ses objectifs et devises.

La cour du centre est à moitié inondée. Les murs et certaines salles de classe sont en construction ou en réfection. Ces travaux interviennent pour contenir le nombre croissant des élèves. Pour ce faire, les responsables du Cefodev font tout leur possible afin de réaménager les locaux dudit centre. En réalité, le centre ne dispose que 6 salles de classe pour plus 200 élèves enregistrés à la date du 9 octobre 2020. Soit un mois après la rentrée administrative. Le centre vient d’ouvrir le niveau 4ème, soit 9 niveaux à partir de cours préparatoire première année. Mais l’administration  s’apprête à clore les inscriptions à cause du nombre limité des places.

Les frais dans ce centre sont abordables, selon le directeur des études. Les anciens élèves paient annuellement 25 000 francs CFA et les nouveaux, 30 000 francs. Cependant  une réduction de 5 000 francs CFA est accordée aux parents qui auront  inscrit quatre nouveaux élèves.

Désormais inclusif

Créé à la base pour les déficients visuels, le centre a finalement ouvert ses portes aux élèves qui ne sont pas de cette couche sociale. A partir du mois d’octobre 2019, le centre a été muté en une école mixte et accueille désormais tous les élèves.  Ce caractère désormais inclusif de l’école n’exclut pas la mesure qui permet “aux élèves non-voyants de dormir au centre durant toute la période scolaire. Tandis que les clairs-voyants viennent faire cours et repartent chez eux”, selon le directeur des études, Ndjékoundamkéné Guy. “La plupart des élèves non-voyants viennent essentiellement de l’intérieur du pays et il y a la difficulté des pluies, de transports parfois les élèves ne peuvent pas venir à temps”, poursuit le député Béral Mbaïkoubou,  promoteur du Cefodev.

Aussi,  les déficients visuels sont exemptés des frais de scolarité pour la simple raisons qu’ils sont très souvent venus des familles très modestes. “Nous savons que la plupart des enfants handicapés visuellement sont d’extraction sociale très modeste. Ils subissent souvent les affres de l’analphabétisme par rapport aux autres enfants”, justifie le promoteur.

Des défis

Le véritable défi que doit relever le Cefodev est la stabilité financière et la disponibilité suffisante de matériels. Le centre manque cruellement de matériels adaptés à la formation des non-voyants. Selon le responsable du centre, Noubadoum Rimadoum Manyangar, à part les cours dispensés par les enseignants dans les salles de classe, les élèves n’ont aucune possibilité de lire des œuvres et de faire des recherches. “On n’a aucun appui financier, ni une subvention pour la prise en charge des non-voyants. Nous n’avons pas de matériels qu’il faut vraiment pour bien les encadrer. Et pour acheter ces matériels, il faut débourser une somme conséquente. Dans ce genre d’école, il faudrait au moins une bibliothèque pour que les élèves puissent s’épanouir et des machines pour la transcription des manuels. Les élèves étudient dans des situations très lamentables, parce qu’on ne se contente que de ce que nous possédons, alors que pour être cultivés et compétents, il faut se frotter aux livres”,  fait observer Manyangar.

Depuis sa création en 2014,  il y a une seule association française, Valentin, qui vole au secours du Cefodev avec du matériel didactique. Mais cette dernière a annoncé son intention de rompre le partenariat et son retrait dans la subvention. Ce qui compliquera davantage les choses pour le centre.  Hormis ces difficultés classiques, les responsables cherchent des partenaires et des financements pour agrandir les locaux. “C’est l’Etat qui doit jouer le rôle que nous jouons. Depuis six ans, nous faisons des démarches pour une subvention de l’Etat. C’est toujours les privés et parfois même des églises qui font de leur mieux”, relève le responsable du centre.

Nadjindo Alex &

Wassa Boré,

Stagiaire