Des artistes victimes de la répression policière

La marche publique du mardi 27 avril 2021, qui a été sauvagement réprimée par la police, a fait des morts, des blessés. Certaines de ces victimes se sont retrouvées à la maison d’arrêt. Parmi celles-ci, des artistes. C’est notamment le cas de Damas Yoasngar Gérard alias Soléa, artiste musicien qui raconte son calvaire : “Nous étions un groupe d’artistes et de religieux au niveau d’Ecobank du quartier Moursal, pour la manifestation. Un groupe de Gmip nous a interceptés. Un policier s’est rapproché à environ deux mètres de moi et m’a tiré à bout portant avec la grenade lacrymogène. Cela a provoqué une déchirure au niveau du front et j’ai eu beaucoup d’hémorragie, puis on m’a transporté à l’hôpital, où on m’a fait trois sutures. Les autres, je ne sais pas ce qui est advenu après moi. Sinon je me suis retrouvé à l’hôpital avec quelques pasteurs blessés”.

Le rappeur Ray’s Kim a été également blessé. Dans le lot des arrestations, l’on signale celle de l’artiste slameur docta Ibrah, une figure de prou du slam tchadien, médecin de son état. Herbert le sage, artiste et animateur radio. Il y a aussi le jazzman tchadien, Djimradé qu’on appelle Djim jazz, initiateur du festival Ronel Jazz, qui a permis aux enfants terribles de la musique tchadienne, du mythique groupe H’Sao du Canada de se produire au grand complet au Tchad en 2017. Il est détenu à la maison d’arrêt de Klessoum.

Sans le promoteur du jazz made in Tchad, le pays n’a pas pu se joindre à la communauté internationale et notamment à l’Afrique centrale, pour célébrer le 30 avril dernier, la 10ème édition de la Journée internationale du jazz 2021, pour la culture de la paix. Il ressort du communiqué de presse de l’Unesco que “(…) La Journée internationale du jazz rassemble chaque année des pays et des communautés du monde entier pour célébrer le jazz et le rôle que ce genre musical joue dans l’encouragement du dialogue, la lutte contre la discrimination et la promotion de la dignité humaine. Elle offre l’opportunité de poursuivre la conversation sur la culture de la paix et de renforcer la résilience des artistes qui ont été particulièrement touchés depuis le début de la pandémie de Covid-19 (…). Le jazz rapproche les gens et contribue à entretenir l’espoir, et comme le disait le grand Manu Dibango dans une interview accordée à l’Unesco en 1991, “la musique est le contact le plus spontané, le plus naturel qui s’établisse d’un être à un autre”. Le jazz est bien plus que de la musique, c’est un message universel de paix, un symbole d’unité, de diversité et d’échanges interculturels”.

La journée internationale du jazz a été créée par la Conférence générale de l’Unesco en 2011 à l’initiative de l’ambassadeur de bonne volonté de l’Unesco Herbie Hancock et est reconnue par l’Assemblée générale des Nations unies.

Roy Moussa