Des jeunes plasticiens s’affirment dans leur espace

C’est le constat général qui ressort lors de la restitution de la fin de la résidence de création en peinture, animée par Justine Gaga, artiste camerounaise internationale de renom. Cela, au regard des tableaux réalisés, exposés et expliqués par chaque auteur, lors de la cérémonie dédiée du 20 juin 2025, à la galerie Keikor.

Abakar Maina, le responsable des projets au sein de l’association Knock On Art, dans son mot de bienvenue, a choisi de remercier grandement Justine Gaga, qui a bien voulu apporter toute son expertise, afin d’outiller davantage les 20 jeunes artistes bénéficiaires de la résidence. Il a relevé que pendant 10 jours “celle qu’on appelle affectueusement “Mère” a partagé avec beaucoup d’amour et de générosité, son savoir-faire qui leur a permis de franchir sans doute un nouveau palier”, a-t-il témoigné. Témoignage appuyé par le directeur artistique de la résidence, Yvon Ngassam, qui a reconnu que cet atelier a eu un goût particulier, parce que c’est la première fois qu’une formatrice a travaillé intensément avec des jeunes artistes, sur le thème de “Qui suis-je ?”. “Ce qui est quelque chose de super important pour ces jeunes s’ils ambitionnent accéder à la carrière d’artiste”, a-t-il relevé.

La formatrice, Justine Gaga qui a ouvert la restitution, admet que le travail n’a pas été du tout facile, vu le contexte temps imparti. Elle explique la démarche entreprise pour arriver aux résultats obtenus. “10 jours, ce n’est pas évident pour transmettre tout ce qui a été prévu. L’atelier s’est super bien déroulé parce que j’ai donné la possibilité à chaque artiste, de s’exprimer à travers un petit exercice sur le sujet “Pourquoi ai-je décidé de devenir artiste ?”. J’ai demandé à chacun et chacune, de chercher au fond de sa personne, ses véritables préoccupations et de les résumer par une sorte d’esquisse. Donc nous sommes passés de l’esquisse pour arriver aux travaux réalisés”, explique Justine Gaga. Elle ajoute que lorsqu’on parle d’un atelier, surtout avec les jeunes, il faut trouver quelque chose comme une technique qui ouvre beaucoup de champ pour l’avenir. “Surtout qu’on ne s’arrête pas à la peinture alors qu’il y a beaucoup d’autres médiums. C’était important pour moi de leur donner cette capacité et ouverture d’esprit, quand on est en face d’une peinture ou toile blanche (…)”.

 

Les réponses exprimées

En accédant à la salle d’exposition, chacun et chacune est debout à côté de son tableau, inspiré de son for intérieur et exprimé à travers les titres proposés qui les résument. “Handicap, Oyio, la main solide, mon sort, hommage, disputes conjugales, rictus, Cabouna, indifférent, mais où, l’angoisse, enfant brisé, femme rurale, transmission, relax, fertilité, mon aventure, le poids du silence, protection des espèces protégées”. Autant de titres qui interrogent et questionnent, quant à la lecture et compréhension des images qui s’y adossent.

La brève présentation tour à tour par chaque auteur, a permis au public de mieux avoir une autre lecture de l’image. La première à ouvrir le bal des résumés des tableaux est une jeune peintre malentendante, qui a titré son tableau “Handicap”. A travers des gestes, elle a expliqué dans son langage, qui est traduit au public via un interprète.

Tout le long des tableaux exposés, la première observation est la prédominance aux couleurs froides. Justine Gaga la “Mère poule” vole au secours de ses poussins. “Il y a eu une technique à la base que j’ai essayée d’échanger avec eux par rapport aux couleurs. C’est une technique à l’aquarelle qui leur permet en réalité des superpositions, c’est-à-dire d’enrichir les toiles puisqu’il s’agit de raconter une histoire. Donc, on suppose qu’il y a plusieurs histoires qui se superposent. Peu importe si les couleurs sont froides ou non, puisqu’ici, c’est ce qu’ils traduisent de l’intérieur qui importe. L’essentiel est de les amener à maîtriser la composition”, justifie Justine Gaga.

Certes, une base est jetée. Un espace d’expression existe. Il appartient aux promoteurs et bénéficiaires des résidences de création, de perpétrer les acquis, travailler en synergie pour la mobilisation d’un grand public autour des œuvres d’art et de contribuer à l’éducation de la lecture de l’image, qui manque cruellement aux tchadiens. Cela, en présence d’un Apollinaire “Doff” aux anges qui n’avait que pour mots des mercis. En attendant les autres formations programmées à la galerie Keikor par l’association Knock On Art.

Roy Moussa

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