Divergence d’opinions politiques sur le sommet de Pau: G5 Sahel

Le président national du Parti africain pour la paix et la justice social (Pap/js), Néatobeï Bidi Valentin

Saleh Kebzabo, président de l’Union nationale pour le développement et le renouveau (Undr

Divergence d’opinions politiques sur le sommet de Pau

A l’issue du sommet de Pau en France le 15 janvier dernier, les cinq présidents du G5 Sahel ont, dans un communiqué conjoint, demandé le maintien et le renforcement de l’aide militaire internationale. Appréciation de la classe politique tchadienne.

Le président national du Parti africain pour la paix et la justice social (Pap/js), Néatobeï Bidi Valentin, pense que les dirigeants africains peuvent sécuriser leur pays sans l’aide de la France à condition qu’ils prennent à cœur la défense de leur territoire. “Nous avons des militaires qui possèdent des matériels, mais qui ne sont pas utilisés véritablement pour faire face aux djihadistes”, explique-t-il. Le député fédéraliste fait partie de ceux qui estiment que la présence militaire française au Sahel n’a d’intérêt que pour la France et non pour  les Africains. “La France ne veut pas enrayer le terrorisme pour des intentions qu’elle n’a pas voulu expliquer clairement”, affirme-t-il. Néatobeï Bidi Valentin soupçonne aussi la France de vouloir  séparer le Nord Mali pour ses intérêts. Pour preuve, dit-il, “en 2012, les Forces armées tchadiennes d’intervention au Mali (Fatim) ont anéanti les terroristes dans le Nord du Mali et devraient poursuivre leur offensive jusqu’à Kidal, mais la France les a stoppées permettant ainsi aux terroristes de renforcer leur position”.

Pour le  président du parti africain, le fait que les dirigeants du G5 Sahel aient accepté de participer au sommet de Pau est un aveu de faiblesse. Macron agit comme s’il avait affaire à des inférieurs, observe-t-il. En plus, “l’accueil était très mauvais. C’est le préfet de Pau qui a accueilli certains chefs d’Etat de façon arrogante. Il a porté des gants pour les saluer traduisant le comportement de son chef d’Etat”, critique Néatobeï Bidi Valentin.

Mais pour Saleh Kebzabo, président de l’Union nationale pour le développement et le renouveau (Undr), il n’y a pas débat sur le fait que Macron convoque les chefs d’Etat africains. Il reconnaît tout de même que sous la forme, cette convocation n’était pas conforme aux normes internationales en la matière. Pour lui, le débat consiste à donner les moyens aux troupes africaines de se défendre par elles-mêmes, donc les former et les équiper. “On ne s’est jamais opposé globalement à la présence des troupes françaises au Sahel. C’est important à être souligné. Tous les pays ont souhaité que l’armée française vienne faire son boulot dans les pays du Sahel”, objecte Kebzabo.

Comme les djihadistes sont largement financés et équipés de l’extérieur par l’Etat islamique ou Daesh, poursuit le leader de l’Undr, “je pense que nous aussi, en attendant que nos armées soient véritablement opérationnelles, nous demandons de l’aide extérieure, pas seulement limiter à la France, pour aider, équiper, financer et armer nos pays pour faire face aux terroristes. Nous savons que le terrorisme est devenu un mal mondial. Il n’y a pas de raison que sur le plan mondial, on ne soit pas pris en compte, aidé et assisté”. Saleh Kebzabo appelle à l’intervention des troupes étrangères au Sahel sous le label des Nations-unies

Le député Kebzabo, tout en mettant en garde ceux qui sont radicalement opposés à la présence militaire française en Afrique, ne doute pas de la volonté française d’aider l’Afrique. Toutefois, il se demande “comment environ 30 000 soldats de tous les pays soient dépassés par 4 000 ou 5 000 terroristes”. “On peut évidemment aussi se poser des questions sur les capacités opérationnelles de ces grandes puissances qui sont sur le terrain avec toute leur armada et avec toute la technologie dont elles disposent, ne puissent pas détecter une colonne qui va parcourir des dizaines ou des centaines de kilomètres pour venir faire des dégâts. Mais l’un dans l’autre, il faut rester cohérents, positifs et se dire que certainement cette rencontre de Pau a du tirer les leçons de ce qu’on est en train de se dire”. Kebzabo pense également que dans leur tête-à-tête, les chefs d’Etats africains qui se sont consultés avant d’aller à Pau, ont dû certainement dire à Macron quelques vérités pour que la France se repositionne ou, à tout le moins, essaie de prendre cette situation plus au sérieux encore.

Aussi, le président de l’Undr épingle les dirigeants africains en déplorant que “depuis 60 ans, nous n’ayons pas pu nous organiser en tant que armée pour défendre notre souveraineté, notre espace géographique, nos frontières”. Il souligne, enfin, “la défaillance du G5 Sahel qui a été créé pour lutter contre le terrorisme, mais n’a jamais pu être opérationnel, faute des moyens des pays membres”.

Lanka Daba Armel, stagiaire