La crainte d’un re-confinement plane sur le Tchad

Face aux relâchements dans l’observation systématique des mesures barrières, le député Saleh Kebzabo a, lors de la plénière du 18 septembre 2020, posé une question orale à trois membres du gouvernement impliqués dans la lutte contre le coronavirus.

Les dernières informations émanant de la coordination nationale de riposte sanitaire font état de plus de 100 cas sous traitement et un foyer né la semaine dernière dans le Mayo-Kebbi Est précisément à Berem, obligeant les autorités locales à fermer certains lieux de culte. Cette résurgence assez soudaine des cas de coronavirus confirme de fort belle manière l’inquiétude à l’origine de la question orale du député de l’Union nationale pour le développement et le renouveau (Undr). Lors de l’interpellation des trois ministres, Saleh Kebzabo voulait savoir pourquoi le gouvernement n’arrive pas à faire respecter les décisions concernant les mesures barrières? En clair, il voulait savoir pourquoi le port du masque, la distanciation dans les édifices publics et les rassemblements, la fermeture des bars et boîtes de nuit sont violées par les citoyens avec la complicité des forces de l’ordre moyennant paiement? Quelles ont été les conséquences de la Covid-19 sur le monde rural ? Quel a été l’impact économique sur le pays et quelles sont les aides effectivement accordées aux entreprises des secteurs vulnérables ? Les 1632 agents de santé annoncés ont-ils effectivement été recrutés? Le libellé de la question concernait initialement quatre membres du gouvernement. Seuls trois ont répondu à l’appel. Il s’agit du ministre de la Santé publique, de l’Agriculture et de la Sécurité publique. Celui des Finances et du budget a brillé par son absence.

Dans les réponses apportées aux députés, le ministre de la Santé publique, Abdoulaye Sabre Fadoul, s’est longuement appesanti sur les efforts déployés par le gouvernement depuis le début de la pandémie. Selon lui, si la capacité d’investigation du ministère a été limitée par l’utilisation d’un seul laboratoire mobile à N’Djaména, aujourd’hui, la capacité de diagnostic est décentralisée dans neuf provinces notamment à Sarh, Doba, Moundou, Pala, Bongor, Bol, Mao, Mongo et Abéché. A N’Djaména, les laboratoires de l’hôpital militaire d’instruction, l’hôpital général de référence nationale et celui du programme national de lutte contre la tuberculose ont été rendus opérationnels portant aujourd’hui à 1000, la capacité de réaliser des tests par jour. Le nombre de masques pour l’assistance respiratoire a atteint plus de 300 à ce jour, plus de 1000 agents de santé recrutés et affectés dans les différentes délégations. Il a par ailleurs informé les députés que la deuxième commande des matériels médicaux est arrivée et des mesures sont prises pour leur déploiement dans les structures sanitaires. Visiblement très peu satisfait, le député Saleh Kebzabo revient à la charge avec d’autres préoccupations. Mais le ministre de la Santé publique s’est défendu avec une réponse globale. “Nous allons encore améliorer la gestion opérationnelle de la pandémie. Une commande de plus 6 millions de masques sur fonds propres de l’Etat et distribués à la population sur toute l’étendue du territoire. Au moment où je vous parle, il y a une commande de 10 millions de masques en cours.  Par rapport aux perspectives, cette crise a secoué tous les pays du monde, il n’y a pas que notre pays”, répond-il.

Des oiseaux granivores dans le Ouaddaï

Au ministre de l’Agriculture, il a été demandé entre autres de faire la situation des semences qui ne sont pas distribuées, de l’inondation, le paiement des producteurs semenciers, l’état d’avancement des dossiers de paiement des arriérés des ex-agents du Pnsa, de la Sodelac et de l’Ondr, la menace des oiseaux granivores dans le Ouaddaï ainsi que la menace acridienne. “Pour le salaire des agents dont les agences ont été fusionnées, l’inspection a fait une descente à l’Anader pour faire le point des arriérés et le dossier est au ministre des Finances depuis le 6 août 2020. En ce qui concerne les inondations, une mission est allée dans la zone soudanienne du 6 au 21 août et nous avons collecté toutes les informations et doléances que nous avons pris en compte. Je donne un peu tort aux producteurs qui labourent dans les lits des cours d’eau et les passages d’eau. Ces cultures ont été englouties par l’eau des pluies. En ce qui concerne les semences, c’est un problème compliqué. Les semences sont arrivées avec un retard, presque vers la 3ème décade du mois de juillet. Les gens ont déjà semé entretemps. Pour la menace acridienne, nous avons, d’un commun accord avec la Fao pris des dispositions. Depuis juin, 6 équipes de prospection ont été déployées à l’est, … En plus de cela, il y a un hélicoptère affrété par la Fao qui a fait 20 heures de vol dans le Ouaddaï, le Sila et le Wadi-Fira. En ce moment l’hélicoptère est vers Salal. Nous suivons de très près la situation. Au sujet de la menace des oiseaux granivores, il y a quelques poches d’oiseaux granivores dans le Ouaddaï. Nous avons dépêché une équipe de prospection qui est déjà sur place pour faire un suivi”, répond le ministre de l’Agriculture.

Par rapport au non respect des mesures barrières, le ministre de la Défense, Mahamat Abbali Salah, laisse entendre que “ce sont les pressions politiques et sociales qui nous ont amenés à lever certaines mesures. Cependant, nous attendons l’avis du comité pour prendre des mesures au sujet de la distanciation physique. Les gens peuvent acheter l’alcool et l’emporter chez eux. Pour les transporteurs, des instructions fermes ont été données au sujet du respect des prix de transport interurbain. Les gens doivent respecter le port de masque obligatoire. Il faut faire en sorte qu’on ne revienne pas à nouveau au confinement”.

TD