Le budget général de l’Etat pour l’exercice 2020 est adopté en conseil des ministres extraordinaire du lundi 9 décembre 2019.
Ce projet de budget qui sera soumis au vote des députés arrête les recettes totales de l’Etat, y compris les dons, à 1210 milliards francs CFA et les dépenses à 1326 milliards francs CFA. Comparé au budget 2019 avec 983 milliards, les prévissions du prochain exercice dégagent un déficit de 117 milliards que le gouvernement compte financer par des appuis extérieurs et des financements bancaires.
Au titre des dépenses, le budget 2020 consacre au moins 34% des dépenses primaires aux secteurs sociaux en réponse aux exigences du Fonds monétaire international (Fmi) dans le cadre du programme de facilité élargie de crédit (Fec). Il s’agit des secteurs de l’éducation nationale, de la santé, de l’élevage, de l’agriculture, de l’environnement, de la formation professionnelle et de l’action sociale.
En ce qui concerne le secteur de la santé, il ressort que les grands hôpitaux de N’Djaména et des provinces verront leurs allocations augmenter. Aussi, de façon globale, tous les ministères et institutions connaîtront une embellie substantielle sur leurs budgets par rapport aux dotations de l’année en cours, selon leur capacité ou aptitude à absorber.
Les dépenses d’investissements également passent de 313 milliards francs CFA à 337, “sans compter les chantiers en cours qui seront financés dans le cadre de l’apurement de la dette intérieure”, annonce le ministre des Finances et du budget, Tahir Hamid Nguilin. L’argentier de l’Etat présente la future loi de finances comme celle qui apporte plusieurs innovations et quelques corrections visant à améliorer la perception des recettes et le renforcement de l’économie. Il annonce que le nouveau budget consacre la mise en œuvre du plan d’apurement de la dette intérieure qui conditionne la relance des activités économiques. “Après trois années de rétablissement déterminé de nos équilibres extérieures, nous sommes en présence du premier projet de loi de finances qui est élaboré depuis 2016 sans que notre balance des paiements et nos comptes extérieurs ne soient négatifs. C’est dire que nous examineront là un projet de loi de reconquête de notre croissance économique et de nos parts de marchés pour nos produits locaux et d’exportation. D’où, l’accent mis sur la facilitation des affaires, les facilités fiscales et foncières”, déclare-t-il dans sa note de présentation. Selon le ministre, il s’agit également du dernier projet de loi de finances préparé dans le cadre du programme Fec que le Tchad a souscrit auprès Fmi et qui viendra à son terme en juin 2020. “C’est dire que nous sommes en présence d’un projet de budget à la fois de bilan et de transition. Le bilan d’un bon travail dans le cadre du rétablissement de nos équilibres extérieurs, d’amélioration de nos ratios d’endettement et de réformes structurelles gagnantes. Projet de loi de transition parce qu’il nous permet de renégocier d’autres programmes plus robustes afin de conquérir de financements plus conséquents et plus diversifiés”, projette-t-il.
Le budget pour l’exercice 2020 comporte des dispositions fiscales visant à augmenter les investissements et importations dans les domaines des énergies renouvelables. Selon le ministre des Finances et du budget, ces importations ne seront plus frappées de droits de douanes et les entreprises vertes seront exonérées de toute une batterie d’impôts. Mieux encore, les prêts accordés à ces entreprises pour les achats d’équipements en matière d’énergie verte sont défiscalisés tant pour l’acheteur-emprunteur que pour banque-prêteuse. C’est dire que les intérêts sur ces types de prêt ne seront pas soumis à la Taxe sur la valeur ajoutée (Tva) parce que les bénéfices tirés par le prêteur sont également exonérés de l’impôt sur les sociétés.
“Il est ainsi mis en place un big-bang complet au profit de l’écologie, en écho aux orientations du chef de l’Etat qui vise à faciliter, à sécuriser et à mieux monétiser l’accès à la terre et au foncier, en réduisant les coûts en matière de transaction foncière et en autorisant l’établissement des titres fonciers sur des terrains nus, un peu comme ailleurs”, justifie Tahir Hamid Nguilin. L’argentier estime que ces mesures constituent en soi la réponse aux critères de performance en matière de “doing-business” et de facilitation des garanties bancaires pour davantage d’inclusion foncière et de protection de la propriété privée.
“Ce projet de budget, bâti de manière prudente et orthodoxe, sera exécuté avec régularité et engagement. En même temps que les régies continueront d’être suivies et mobilisées pour l’accroissement des recettes, les dépenses feront l’objet de la même rigueur”, rassure le ministre.
Alladoum leh-Ngarhoulem G.