L’Anats lance l’identification biométrique

L’Agence nationale des titres sécurisés (Anats) a lancé, le 22 janvier 2020, les activités de son système intégré de gestion des populations et des titres sécurisés (Sigpts).

“L’enrôlement est gratuit. Toute personne enrôlée peut, à sa demande, recevoir un acte de naissance sécurisé infalsifiable. Par la suite, à la déclaration de tous les autres faits d’état-civil ultérieurs, comme le mariage ou le décès, des actes sécurisés seront toujours délivrés”, annonce le directeur général de l’Anats, Fooyahta Moundai. “Le Système intégré de gestion peut enrôler plus de 15 000 personnes, 550 passeports et 5 000 cartes d’identité en huit heures avec la possibilité de doubler par journée de travail”, souligne-t-il. Fooyahta Moundai annonce à l’occasion, l’opérationnalisation de 11 centres d’accueil des usagers (Cau) qui sont des centres d’enrôlement, de demandes et de délivrance des titres sécurisés répartis pour l’instant dans sept provinces du Tchad (Abéché, Amdjarass, Mao, Mongo, Moundou, Pala et Sarh).

N’Djaména dispose de quatre centres d’accueil : commissariat central, commissariats du 7ème et 10ème  arrondissement et gouvernorat de la ville de N’Djaména dans le 5ème arrondissement.

“Dans les jours à venir, des centres seront ouverts dans certains pays à forte concentration de citoyens tchadiens ainsi qu’au poste de frontière à l’aéroport international Hassan Djamous de N’Djaména. Tous ces centres sont dotés de puissants dispositifs informatiques de dernière génération pour rendre accessible le service d’identification des populations”, ajoute le directeur général de l’Anats qui mentionne que l’enrôlement dans ces centres est une obligation citoyenne et confère à l’individu l’accès aux services publics.

“12% seulement, d’enfants de moins de 5 ans sont enregistrés à la naissance au Tchad; l’environnement sécuritaire qui prévaut au niveau national, régional et international exige de l’Etat la prise de mesures à la dimension des défis; (la sécurisation, la stabilité des institutions et la protection des personnes) ne peut être efficace que lorsque l’Etat développe un système d’information cohérent, fiable et sécurisé permettant une meilleure identification des citoyens, des résidents et des visiteurs”. Tel est le justificatif de la mise en place de l’Anats par ordonnance du 29 mars 2016.

L’opérationnalisation du Sigpts

La mise en place de ce système est effective grâce à Idemia, entreprise française de sécurité numérique spécialisée dans la biométrie, l’identification et l’authentification, la sécurité digitale, l’analyse de données et de vidéos. Elle est issue de la fusion de Morpho et d’Obethur (OT-Morpho qui s’est illustrée dans l’apport technologique à l’organisation des élections avec biométrie dans quelques pays d’Afrique francophone). Son représentant, Antoine Tollet relève que la mise en place du Sigpts en faveur du Tchad fait appel à de nombreuses technologies de premier plan. “Avec ce système, la république du Tchad  se dote d’un moyen d’offrir à ses citoyens, un service de gestion de l’identité de grande fiabilité et dispose d’une solution pleinement conforme aux derniers standards internationaux. Le Tchad compte désormais parmi les pays de référence en matière de gestion de l’identité”, a-t-il affirmé.

“Le cœur de la solution comprend un système d’état-civil et un registre de population. Les informations biographiques et biométriques de population sont sécurisés dans une base nationale à travers notamment la mise en œuvre de solution d’identification biométrique et de recherche alphanumérique permettant de détecter les fraudes à l’identité”, explique Antoine Tollet.

Pourquoi un Nni?

Le représentant de l’entreprise Idemia explique que le Numéro national d’identification (Nni) sécurisé par biométrie permet l’émission des actes d’état-civil et des documents authentifiés et infalsifiables. “L’obtention d’un Nni est un préalable obligatoire à toute émission de titre d’identité. La solution permet d’émettre de titres hautement sécurisés sur la base des identités de confiance gérée par le système d’état-civil et de registre de population: passeport biométrique, carte nationale d’identité, carte de résident, permis de conduire et le certificat d’immatriculation de véhicule”, précise-t-il. Antoine Tollet estime que le Tchad est ainsi “doté de l’un des passeports les plus sécurisés au monde selon les normes de l’Organisation de l’aviation civile internationale (Oaci) et de celle de la Cémac”.

Placée sous la tutelle du ministère en charge de la Sécurité publique, l’Anats dont la mission fixée par décret en date du 16 janvier 2017, se dote d’un système performant de gestion des populations et de la production des titres sécurisés à la demande des citoyens. Son objectif est d’enrôler l’ensemble des populations tchadiennes sur un registre appelé Registre national biométrique des populations constitué des données biographiques et biométriques de chaque individu, en affectant un Numéro national d’identification unique qui lui garantit l’unicité.

Nadjidoumdé D. Florent

Baisse du coût du passeport et de la carte nationale d’identité

Soixante mille francs le passeport Cémac sécurisé ainsi que 5000 francs la carte d’identité nationale. Par rapport aux anciens prix, c’est une réduction de 10 000 francs sur le passeport qui coûtait 85 000 francs, a d’abord annoncé le Dg de l’Anats contrarié par la suite par le représentant du président de la République, le ministre d’Etat, ministre secrétaire général adjoint de la présidence de la République, Hissein Brahim Taha. Celui-ci a affirmé recevoir “des instructions fermes du chef de l’Etat, Idriss Déby Itno pour que le prix du passeport soit réduit à 60 000 francs CFA, pour permettre à tous les citoyens de s’en procurer”.

“Les anciennes pièces sont valables jusqu’à ce que les unes soient expirées d’elles-mêmes ou que l’autorité décide de les retirer de la circulation. Mais pour l’instant, nous pouvons dire que les deux vont cohabiter. Je sors d’une réunion où nous étions en train de discuter des dispositions pratiques à prendre pour commencer à recevoir les citoyens dans les différents centres d’accueil et je pense que cela peut être possible dès lundi (Ndlr: aujourd’hui)”, a estimé Fooyahta Moundai.

L’avènement du nouveau système de gestion de populations et de production des titres sécurisés met quelque peu du baume dans le cœur des citoyens qui pensent enfin que leurs peines à obtenir des documents d’Etat civil au Tchad soient  quelque peu apaisées. Mais avant de vendre la peau de l’ours sans l’avoir tué, le citoyen lambda espère qu’il faut mettre fin à l’arnaque, à la corruption, conséquences de la lourdeur dans la délivrance de ces pièces dont il était victime de la part des policiers et autres entremetteurs. Nous sommes au pays de Toumaï, par conséquent tout ce qui a tendance à soulager quelque peu ses filles et fils doit être pris avec des pincettes!                            

   NDF