Le 2ème round contre la polio

Le ministère de la Santé publique et de la solidarité nationale, à travers sa direction nationale de la vaccination, a organisé du 27 novembre jusqu’à hier 29, le 2ème round de campagne de lutte contre la poliomyélite.

Un briefing avec les médias sur le premier round a fait l’objet d’un point de presse, à la veille du 2e round, le 26 novembre 2020 au ministère. Le directeur de la vaccination, Dr Abderamane Addi a présenté l’évaluation du premier round organisé du 13 au 15 novembre dernier et son lancement officiel à Mani le 12 novembre, dans la province de Hadjer Lamis. En 2019 rappelle-t-il, c’est suite à l’absence de campagne de masse que 2 cas de polio virus circulant de type 2 ont été dépistés à Bébedjia et Doba, à cause de la faible immunité des enfants. Ce qui a conduit à 381 cas au total. Cela s’explique par le faible taux (22%) de couverture vaccinale classant le Tchad loin derrière la Rca et le Cameroun voisins. Une telle situation est due à l’insuffisance de communication entre le ministère de la Santé publique et la population, pour accompagner les campagnes de masse et la vaccination de routine qui est la plus importante. La stratégie a consisté à faire le porte-à-porte et d’investiguer les marchés, écoles et autres lieux susceptibles d’abriter les enfants à vacciner. La campagne du premier round a concerné 91 districts sanitaires dans 16 provinces. 3 279 784 enfants de 0 à 59 mois ont été vaccinés quel que soit leur statut vaccinal. Les tableaux et graphiques présentés révèlent des zones non prises en compte qui ont bénéficié de la couverture vaccinale tout comme celles difficiles d’accès qui n’ont pu être atteintes.

Pour sa mise en œuvre, le premier round a mobilisé 15 814 vaccinateurs, 2 832 superviseurs de proximité, 48 superviseurs centraux, 120 superviseurs des partenaires (Oms, Unicef, Cdc, Bmf, …), plus de 5 000 crieurs publics, etc. Il a coûté plus de 711 millions de francs CFA. L’Oms a contribué pour plus de 363 millions de francs (coût opérationnel), l’Unicef : plus de 358 millions (mobilisation sociale) et l’état tchadien, un peu plus de 13 millions de francs.

le DG du ministère de la santé, Dr Ismaël Bahar Bachar

Pour le point focal polio à l’Unicef,  Dr Marie-Thérèse présente au briefing, “nous sommes tous concernés et devrons faire en sorte que le Tchad n’exporte pas ces cas dans les pays voisins comme le Soudan, la Rca ou un peu partout ailleurs. C’est pourquoi, il faut mettre l’accent sur la vaccination de routine pour éradiquer définitivement les autres formes dérivées de la poliomyélite”.

Le directeur général du ministère de la Santé publique et de la solidarité nationale, Dr Ismaël Bahar Bachar, qui a ouvert et clos le briefing, admet que l’évaluation a fait ressortir des résultats satisfaisants. Mais il reconnaît que si “aujourd’hui, nous revenons encore pour des campagnes de masse qui sont ciblées à cause de la polio virus dérivée, c’est parce que la couverture vaccinale de routine connaît des faiblesses, ce qui fait que les enfants ne sont pas assez immunisés. Voilà pourquoi quelques cas de polio virus dérivés ont surgi chez certains. Si le Tchad a chassé le  polio virus sauvage, les formes dérivées existent encore aujourd’hui, ce qui a occasionné 381 cas dans 96 districts sanitaires de 16 provinces”. Il a rappelé qu’en 2011, le chef de l’Etat a déclaré la guerre contre la poliomyélite sauvage, et son implication a entraîné tout le monde dans le combat. Ce qui a permis d’obtenir des résultats très encourageants et la certification du Tchad, libre de la polio. Depuis le 14 juin 2012 où le dernier cas a été enregistré dans le Lac, le Tchad n’a pas connu un autre cas de contamination de polio virus sauvage. Depuis lors, ce virus sauvage qui paralyse les enfants (132 enfants au Tchad paralysés à vie) est éradiqué du Tchad. Après cinq années consécutives, le comité régional de l’Oms a déclaré le Tchad libre de polio virus sauvage. Cette manche de combat qui a été gagné grâce à l’implication de tous, des efforts conjugués du gouvernement et des partenaires, des chefs traditionnels et religieux, mais aussi des médias qui ont joué leur partition comme il le faut. C’est pourquoi, Dr Ismaël Bahar Bachar rappelle à tous de s’impliquer avec le même degré d’engagement, afin de communiquer massivement autour du 2ème round pour atteinte des objectifs. “Vacciner son enfant, c’est aussi protéger les autres enfants, parce qu’un enfant malade peut contaminer 200 autres enfants”, conclut-il.

Roy Moussa