“Plus prétentieux que le jeune président Mahamat Déby, tu meurs !”, ironise un vétéran de la scène politique tchadienne. Mais il est né sous une bonne étoile, semblent le lui reconnaître ses admirateurs. C’est pourquoi, depuis qu’il a goûté aux délices du fauteuil présidentiel, il n’en démord pas. Ses prétentions à l’ascendance sont fulgurantes. Pour sa personne et son paraître, il veut même aller plus vite que son défunt père et les faits le démontrent. A 40 ans, il s’affuble d’une plus grande distinction de l’armée, la dignité de Maréchal.
En effet, les choses vont aller plus vite qu’on ne pensait. Dès sa prise de pouvoir le 21 avril 2021, suite au décès tragique du Maréchal Déby Itno, un pouvoir qui le porte à la tête du Conseil militaire de transition (Cmt), une junte composée de 15 généraux, Mahamat Idriss Déby estime d’abord que le grade de général de corps qu’il arborait ne lui sied plus. Il se forge prestement un argument très peu convaincant selon lequel “les généraux de son rang sont très nombreux”, et il faut qu’il s’en distingue. Les choses passent comme une lettre à la poste. Le 2 décembre de la même année, il devient général d’armée. 5 étoiles dorées sur sa poitrine et son béret rouge, les mêmes que portait son défunt père après une trentaine d’années d’exercice du pouvoir. Mais l’ambition du jeune président ne peut s’arrêter en si bon chemin. “Aidé par les laudateurs qui ont poussé le Maréchal Idriss Déby Itno dans la tombe”, Mahamat Kaka mort à volupté l’offre des Conseillers nationaux “copier-colleurs” qui entendent l’élever à la dignité de Maréchal. Son égo à lui-même l’y incite. Il le précise d’ailleurs si bien dans un de ses post sur Facebook que d’aucuns lui ont demandé de renoncer à cette avance, d’autres de l’accepter mais lui, se décide d’opter pour le oui.
Ainsi, le 9 décembre 2024, le Conseil national de transition l’élève par une résolution au rang de Maréchal. Un décret entérine par la suite la distinction. Mahamat Idriss Déby Itno devient Maréchal. Un titre ronflant pour ses 40 ans, alors que son défunt père en a eu 69 avant de s’affubler cet honneur qui n’a aucunement fait le bonheur des Tchadiens. Tout au contraire, la dignité de Maréchal n’a pas été une panacée aux maux dont souffrent la plupart des tchadiens qui ne parviennent pas à avoir, ne serait-ce qu’un repas digne du nom par jour, à se soigner, à se vêtir, à bénéficier d’une bonne éducation, à se loger, etc. Le maréchalat a régressé le niveau de vie déjà très peu enviable de la grande majorité des Tchadiens ; beaucoup ne ressentent pas son intérêt. Car, la misère a été leur vécu quotidien, eux qui ont estimé que l’or noir qui a commencé à jaillir des entrailles de Doba depuis les années 2003 pourrait les sortir du pétrin.
Sur cet aspect, les citoyens tchadiens ont plutôt déchanté. La gestion des revenus de l’or noir de Doba a été calamiteuse. Une discrimination ostentatoire s’en est observée sur sa répartition pour le développement des villes et campagnes. Cette manne, comme qui dirait, a permis de construire le hameau natal (Amdjarass) du Maréchal d’alors au détriment de Doba. D’autres investissements dans certaines villes et localités ont été pour beaucoup de la poudre aux yeux à l’instar des éléphants blancs que constituent les réalisations des infrastructures socio sanitaires, scolaires, routières, etc. Cette situation, pour le moins déplorable, fait dire à beaucoup de citoyens tchadiens que les titres honorifiques dont se bardent leurs dirigeants n’ont jamais contribué au développement du Tchad tant attendu par ses filles et fils. Ces derniers estiment que l’idée sous-jacente à ces folies de grandeur n’est autre chose que la conservation et la confiscation du pouvoir pour les maintenir dans la misère. Et l’on ne sera pas étonné que d’ici demain, le jeune président que d’aucuns appellent affectueusement “bébé Maréchal” ne pousse pas le bouchon plus loin. Faire de sa personne un Empereur à la tête d’un futur empire que sera le Tchad. Ainsi, la boucle sera bouclée pour permettre au clan Déby de trôner sans partage et sans alternance.
La Rédaction