Le karaté tchadien abandonné

L’Office national de la jeunesse et des sports (Onajes) n’a pas fourni des billets d’avion pour permettre aux karatékas tchadiens de prendre part à l’open de Paris qui a démarré depuis le 21 janvier 2022.

Les karatékas tchadiens, malgré le contexte de la Covid-19, ont obtenu des visas de l’ambassade de France au Tchad, pour participer à l’open de Paris, qui leur permettra de cumuler des points en vue des prochains jeux olympiques et les championnats mondiaux. Hélas ! L’Onajes n’a pas répondu favorablement. Ils ont donc raté l’open de Paris. Ce sont des karatékas désabusés, choqués et amers qui ont entouré leur président de la fédération, Me Tchang Wei Tchang Houloulou, lors du point de presse tenu le 24 janvier 2022 au Dojo national. Ils ne comprennent pas que malgré les efforts fournis et sacrifices consentis jusque-là, le ministère de tutelle continue de pratiquer ce qu’ils appellent “le sporticide”, alors que l’année 2022 est déclarée “Année du sport au Tchad”, par le président du Conseil militaire de transition, lors de son message de Saint-Sylvestre à la nation.

 

Le ministère des Sports désavoue Mahamat Kaka

Depuis 2019, reconnaît Me Tchang, les performances des karatékas ne cessent d’évoluer, et pour preuve : une moisson de 35 médailles toutes catégories confondues récoltées au Cameroun. Lors de la dernière édition des championnats de l’Ufak de la région du centre organisée à N’Djaména en 2021, le Tchad a glané une vingtaine de médailles (4 en or, dont une en équipe kata chez les dames, 8 en argent et 12 en bronze). En novembre 2021, la fédération a effectué la sortie du Caire (Egypte) avec un seul athlète faute de moyens, alors que le Tchad était qualifié dans 6 catégories. L’inscription des athlètes qui devaient participer à l’open de Paris a été faite en ligne sur les ressources propres de la fédération. Pire, la fédération tchadienne de karaté et discipline assimilée a jusqu’à ce jour, préfinancé ces diverses activités à hauteur de plus de 75 millions de francs CFA, sans que l’Etat ne daigne la rembourser à ce jour. Or, toutes ces diverses compétitions ont value au Tchad de hisser son tricolore maintes fois et permis au karaté tchadien d’être grandement apprécié à l’international. A ce jour également, aucun athlète n’a reçu une prime quelconque ou un encouragement. Malgré que certains d’entre eux ont hypothéqué leur avenir en suspendant leurs études supérieures au Cameroun, Maroc et Sénégal pour défendre le tricolore et souvent le hisser au firmament.

“Nous ne pouvons pas parler du développement harmonieux du sport tchadien dans de pareilles conditions, quand une catégorie d’individus a un comportement sporticide”, constate Me Tchang.

L’année 2022 du sport tchadien, voulue par le chef de l’Etat Mahamat Idriss Déby démarre mal pour le karaté. Tout simplement parce qu’elle est bottée ainsi en touche par le ministère en charge des Sports à travers l’Onajes. Hélas ! Les habitudes ont la peau dure au Tchad, dit-on.

Roy Moussa