Lutte contre le paludisme

“Il est temps de parvenir à zéro cas de paludisme : investir, innover, mettre en œuvre’’. Tel est le thème de la 16ème édition de la journée mondiale de lutte contre le paludisme, célébrée le mardi 25 avril 2023, par le ministère en charge de la santé à travers son Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp) en concert avec son partenaire, l’Organisation mondiale de la Santé (Oms).

Il est question d’investir dans la durée et prendre un engagement politique sans cesse renouvelé, pour mettre à l’échelle les stratégies visant à atteindre les objectifs fixés pour 2030. C’est pourquoi, cette journée est une occasion pour les professionnels et acteurs qui luttent contre le palu dans les formations sanitaires, de sensibiliser et mobiliser davantage les populations pour leur participation active à la lutte contre ce fléau.

Dr Kodbesse Boulotigam, le coordonnateur national adjoint du Pnlp a saisi l’occasion pour lancer un appel à toutes les parties prenantes de continuer à soutenir la lutte contre le paludisme, qui est la première cause de mortalité et de morbidité au Tchad. “Nous lançons un appel aux dirigeants et décideurs de s’engager de toute leur force dans la lutte contre le paludisme, surtout le secteur privé qui tarde à s’engager dans cette importante lutte. Notre action a pour seul but de réduire le taux de morbidité dû au paludisme’’.

 

La responsabilité des professionnels engagée

Le représentant de l’Oms au Tchad, Jean-Bosco Ndihokubwayo, a rappelé que le paludisme est un problème certes mondial, mais surtout africain au sud du Sahara. Les statistiques dans le monde ont montré que le paludisme dans le monde c’est 247 millions de cas en 2021 et 696 mille morts, dont 95% de cas se recensent en Afrique et 96% de décès en Afrique au sud du Sahara, a-t-il relevé. ‘’C’est notre problème à nous les africains, mais au Tchad, les statistiques nous disent que c’est la 1ère cause de mortalité,  de morbidité et d’hospitalisation’’, alerte-t-il. C’est la maladie la plus présente dans la population, avec 43% de cas. Il conseille de se lever tous ensemble pour déployer tous les forces et efforts, pour lutter contre le paludisme. Pour parvenir à zéro cas de paludisme, il y a des préalables, a-t-il éclairé l’assistance. Il y a, dit-il, des initiatives à prendre et pour les prendre, il faut absolument changer de paradigme, en revoyant la façon dont le travail se fait pour éradiquer le paludisme. C’est possible, ajoute-t-il, parce que le Tchad a développé des outils très importants pour lutter contre le paludisme. Le premier, c’est le Protocole national de lutte contre le paludisme. Les intrants sont là, les tests pour diagnostiquer le palu sont là. Mais la question qu’il faut se poser est de savoir si ce protocole est mis en œuvre comme il se le doit ? Est-ce que le diagnostic du paludisme se fait comme il se le doit pour traiter le palu ? “Ce n’est pas la goutte épaisse qu’il faut mais le test de diagnostic rapide (Tdr), parce qu’il n’y a rien de plus difficile à faire que la goutte épaisse’’, observe-t-il en tant que médecin. Il faut être un expert pour faire la goutte épaisse, reconnaît-il, parce que pour lui, le paludisme c’est tester, diagnostiquer et traiter.

Le deuxième, c’est chimio prévention saisonnier (Cps) chez les enfants qui marchent. Pour cela, il faut réévaluer le Cps chez les enfants de moins de cinq ans. Ainsi que le traitement du paludisme chez la femme enceinte (Tpi). ‘’30% des décès en Afrique sont se rencontrent chez les femmes enceintes. Or il est remarqué que les femmes enceintes ne viennent prendre que la première dose (79%) et abandonnent le reste. Il faut se poser la question pourquoi elles ne reviennent pas, quels services elles attendent de nous’’, a-t-il renvoyé la question aux professionnels. Il a relevé qu’il faut s’interroger en termes de coordination, du suivi et de la collaboration entre les différents structures et services du ministère en charge de la santé. Mais également en termes d’archivage des données, la coordination et concertation entre la pharmacie provinciale d’approvisionnement (Ppa) et les délégations sanitaires provinciales. Il n’oublie pas de relever l’absence de la supervision en cascade, qui permet de lutter efficacement contre le paludisme sans quoi il serait très difficile de vaincre ce fléau, sans perdre de vue la question de la distribution des moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (Milda). Répondre à ces interrogations et questions permettra de relever plusieurs défis, a conclu le représentant de l’Oms au Tchad, en guise de conseil.

 

Le Tchad n’est pas sur la bonne voie

Le secrétaire général du ministère de la santé Dabsou Guidaoussou, confirme l’objectif de cette journée qui est de sensibiliser les dirigeants et décideurs dans les pays touchés par le paludisme, quant à la nécessité impérieuse d’atteindre les populations marginalisées aux moyens des outils dont on dispose aujourd’hui. C’est également la nécessité d’investissement continue et d’engagements politiques durables, en faveur de la prévention du paludisme et de la lutte contre cette maladie. ‘’Selon le rapport annuel 2022 sur le paludisme au Tchad, les formations sanitaires du pays ont notifiées 1 million 28 800 cas de paludisme dont 19 2928 cas graves. Au total, 8 880 décès ont été enregistrés. Près de 35,96%  de décès imputable au paludisme concernait les enfants de moins de cinq ans et malheureusement les femmes. Le Tchad, à l’instar des autres pays du monde, n’est pas sur la bonne voie pour atteindre deux cibles essentielles, de la stratégie technique de lutte contre le paludisme 2016-2030, laquelle stratégie a été adoptée par l’Oms’’, a révélé le Sg. Il s’agit entre autres de réduire l’incidence du paludisme dans le monde de 90% d’ici à 2030 ainsi que le taux de mortalité palustre dans le monde de 90%. Pour réussir ce pari, dit-il, il faut mener d’urgence des réactions concertées, pour remettre le pays sur une trajectoire qui permette d’atteindre ces cibles. Toutefois, l’espoir est permis, rassure le secrétaire général du ministère de la santé publique et de la prévention.

                                       Roy Moussa