Macron et ses homologues légitiment le Cmt

Dans leurs déclarations aux obsèques de leur homologue, Emmanuel Macron et les chefs d’Etats africains membres du G5 Sahel, cautionnent la mise en place du Conseil militaire de transition, pourtant anticonstitutionnel.

Ils étaient une dizaine à se déplacer officiellement dans la capitale tchadienne ce 23 avril pour rendre hommages à leur homologue Idriss Déby Itno, mort le 20 avril des suites de blessures lors des affrontements qui ont opposé l’armée tchadienne et les forces rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) dans le Kanem. Mais dans leurs discours de circonstance, tantôt creux, ambigus ou partisans, les chefs d’Etats se sont beaucoup plus préoccupés de la stabilité de la région et du Tchad dans la lutte antiterroriste après le décès d’Idi, qui est pour eux, un grand combattant sur qui la responsabilité de cette lutte antiterroriste repose. Idi est mort alors qu’il exerce les fonctions de président en exercice du G5 Sahel. Mais, c’est sans se soucier de la violation flagrante de la constitution tchadienne, qui autorise le président de l’Assemblée nationale à assurer l’intérim du Président de la République en cas de longue ou définitive absence de ce dernier.

Dans son discours, Emmanuel Macron, président de la République française a déclaré haut et fort que “la France ne laissera jamais personne remettre en cause la stabilité et ne laissera jamais personne menacer ni aujourd’hui, ni demain la stabilité et l’intégrité du Tchad…”, entérinant ainsi, le soutien de la France au Conseil militaire de transition que les opposants politiques, une grande partie des organisations de la société civile, des leaders religieux et la diaspora qualifient d’un coup d’Etat organisé en complicité avec la France. De ce discours tenu par Emmanuel Macron, on peut aisément comprendre la position de l’Elysée vis-à-vis de cette crise politique au Tchad.

Le président du Cmt et Macron (Photo Alex)

Un jour avant les obsèques, les responsables des forces rebelles du Front pour l’alternance et la concorde du Tchad (Fact) avaient annoncé que les avions français survolaient leur base, ils parlaient même de bombardements de leurs positions par la force Barkhane. Toute l’opinion tient pour responsable la France qui impose au peuple tchadien la prise du pouvoir par les armes, pourtant interdite en démocratie. Au nom de la stabilité du pays et de la sous-région G5 Sahel et surtout de la lutte contre le terroriste, l’on admet la mise en place du Conseil militaire de transition. Alpha Condé, le président guinéen lui estime qu’après la mort de Déby Itno, il faut se donner la main pour continuer le combat en Afrique pour que d’ici 2050, l’Afrique devienne le premier continent du monde. Le président en exercice de l’Union africaine, Félix Tshisekedi estime lui que “la mort d’Idriss Déby Itno doit servir de catalyseur de l’union du peuple du Tchad. Car l’enlisement de la sécurité du pays constitue une menace à la stabilité non seulement du Tchad mais de toute l’Afrique”. Il a appelé la transition qui s’est mise en place au respect de la loi fondamentale tchadienne. Son homologue, le Burkinabé, Rock-Marc Christian Kaboré, s’est contenté de relever que la disparition d’Idriss Déby constitue un choc dans l’espace sahel. Il plaide à cet effet pour la continuité de la coopération dans la lutte contre le terrorisme dans l’espace G5 Sahel. Et au nom de cette stabilité et de la lutte antiterroriste, les chefs d’Etat ont royalement oublié l’entorse faite à la constitution et entériné la transition monarchique qui s’est opérée à la grande surprise de tout le peuple tchadien. Ainsi, comme on s’y attendait, la présence surtout de Macron aux obsèques de celui qu’il appelle affectueusement “ami fidèle”, était pour envoyer un message clair : son total soutien à la junte militaire, qui s’est imposée à la tête du pays, en abolissant la constitution tchadienne.

         Nadjidoumdé D. Florent