Mbodou Bami en guerre contre les agents véreux

« Je serais sans pitié envers ceux des agents qui continueraient à faire de la Fonction publique un fonds de commerce », déclare Abdoulaye Mbodou Bami le ministre de la Fonction publique et du dialogue social. Il annonce qu’outre les sanctions   administratives, ceux-ci feront l’objet des poursuites judiciaires.

Le ministre annonce la mise place d’un numéro vert 1236 qui sera opérationnel dès mardi 27 décembre 2022. Les usagers en temps réel peuvent dénoncer les tentatives d’arnaques dont ils seraient victimes. Outre cela, ajoute le ministre, l’inspection générale des services est instruite pour veiller sur la fluidité du traitement des dossiers dans les différents services. Il est inconcevable, martèle-t-il, que des dossiers soient entassés dans les bureaux, obligeant les concernés à déserter leurs lieux de travail, pour les suivre avec tout ce que cela crée comme dommage à l’Etat. Parallèlement, d’autres sont expédiés avec la plus grande célérité, simplement parce qu’ils ont des en-dessous juteux, relève le ministre.

 

Clientélisme et affairisme à la Fonction publique

Deux mois après sa prise de fonction, Abdoulaye Mbodou Bami réalise que le clientélisme et l’affairisme dans la gestion des recrutements et des actes de carrière sont en partie grandement fondés. Il constate que le ministère est pris en otage par des personnes externes, qui font la loi dans le traitement des dossiers, parrainés par leurs soins, avec la complicité des agents véreux (suiveurs et démarcheurs) qui trouvent leur compte. Ceux-ci usent des subterfuges pour que lesdits dossiers soient privilégiés au détriment de ceux légalement enregistrés et déposés dans les services concernés. La fluidité des dossiers est mis à mal par ces intermédiaires qui se sucrent sur le dos des usagers, révèle le ministre. « C’est une pratique connue de tous et que tout le monde a été victime. Je suis déterminé à prendre le taureau par les cornes, comme on le dit. Ce n’est pas uniquement valable à la Fonction publique, mais également dans d’autres départements. Je souhaite que la presse nous accompagne dans ce combat, pour arriver à un changement de mentalité », plaide-t-il. Puis, il insiste en rappelant que toute personne qui a connaissance d’une arnaque, d’une tentative de corruption quelconque émanant d’un agent de la Fonction publique ou d’un autre département ministériel, ou d’un individu n’a qu’à appeler directement sur le numéro vert : 1236. Ce contact téléphonique est directement relié à la police judiciaire, précise-t-il. « Si on arrive à démanteler un ou deux réseaux, ce sera une lutte de gagner et un début de changement de mentalité. Même si c’est deux personnes qui sont intégrées sans débourser un sous, que cela se fasse  dans les règles de l’art », espère-t-il.

Aujourd’hui, dit le ministre, tout le monde pense que pour être intégrer, il faut débourser de l’argent, ce qui est totalement faux. Il informe que c’est une commission mixte appelée « Guichet unique », composée des directeurs de quelques ministères (Fonction publique, Finances et budget) et de l’Office national des examens et concours (Onecs), en plus des directeurs des ressources humaines, qui gère les dossiers à la Fonction publique. « C’est seule cette commission qui est habiletée à traiter les dossiers d’intégration à la Fonction publique, mais malheureusement, il y a des brebis galeuses qu’on décèle partout », indique-t-il.

 

L’axe de combat décliné

Désormais informe le ministre, des contrôles inopinés seront effectués pour s’assurer que les dossiers soumis aux visas et à la signature ont suivi la voie légale et traités avec diligence. Il décide de s’attaquer à ces pratiques peu orthodoxes, qui se sont invitées dans le fonctionnement du département de service public et se sont enracinées. Il assure s’engager dans une lutte sans merci contre toutes les formes de déviance dans le traitement des dossiers de carrière et recrutement. Le ministre annonce qu’une batterie de mesures sera déployée en interne, pour traquer ceux des agents de la Fonction publique qui s’adonnent à ces pratiques éhontées. « La lutte que nous engageons ne peut porter fruit qu’avec le concours des citoyens, ayant le sens du bien collectif, et j’espère que vous êtes de ceux-là. C’est ensemble que nous pouvons lutter contre ces pratiques mafieuses, qui freinent le bon fonctionnement de la Fonction publique tchadienne ».

Roy Moussa