Les lampions se sont éteints sur la 3e édition du ‘’Festival N’Djaména films’’, le 22 janvier dans l’après-midi au musée national. Les lauréats en compétition dévoilés, ont reçu des attestations d’encouragement, compte tenu du bas niveau des productions proposées, qui ne répondent pas aux exigences du cinéma, a estimé le jury.
Le jury a attribué des mentions spéciales à cinq films sur les 16 en compétition. Prix d’encouragement du scénario décerné au film ‘’Obéir ou abandonner’’ de Moussa Zakaria Ibet, un court métrage de 25 mn ; Prix d’encouragement du récit décerné au film ‘’Inti ma bayré’’, un court métrage de 9 mn d’Abakar Abatcha ; Prix d’encouragement pour la narration décerné au film ‘’Mour hana dary’’ de Saladine Brahim khalifa ; le Prix d’encouragements pour les images décerné à Preston Ninga pour son film ‘’Bonheur reporté’’ et le Prix des meilleurs images et son à Djimradji Charles pour son film ‘’Objectif’’, deux courts métrages. Deux Mentions spéciales pour les acteurs, sont décernées à Fatimé Abba dans le film ‘’Déception’’ d’Abderamane Mahamat et Mariam Mahamout dans le film ‘’Ramtala’’ d’Abderamane Magaï.
Faible participation pour une opportunité à saisir
Dans la même foulée du festival, un master class a été organisé à l’intention de 19 apprenants cinéphiles et vidéastes dont une seule fille. Un film de 9 mn a été produit à l’issue, projeté, axé sur les trois notions suivantes : la réalisation du scénario, la partie technique et le jeu d’acteur. Adoum Jansé l’un des formateurs a tenu à relever certains aspects, notamment les jeunes qui ne veulent pas venir à la formation mais veulent tourner un film. ‘’Ces jeunes sont animés de la passion de devenir cinéastes, mais on ne se lève pas comme ça pour le devenir. C’est tout une école, avec un ensemble de personnes et toute une histoire. Allamine Kader et Cyrille ont formé sur le scénario, Youssouf Djaoro sur le rôle et le jeu d’acteur. Ce qu’il faut relever, c’est la faible participation. Or la technique est très importante, notamment l’ensemble des recherches de plan, les angles de vue, les personnages, comment faire un repérage, installer une caméra. Ces jeunes pensent que puisque X a fait un film, je peux le faire également, non ! En une semaine, ils ont compris les B a ba sur les plans technique, théorique et pratique qui est le film produit’’. Un film qui traite de la cohabitation pacifique, du mariage interreligieux, du vivre ensemble et du conflit agriculteur/éleveur, sur fond de musique tchadienne du regretté Talino Manu.
Saleh Mahamat Adoum, le président du comité d’organisation ptire une satisfaction à l’issue du festival : ‘’ (…) Je suis enthousiasmé et profondément marqué, par la tenue de cette 3e édition du festival autour d’une compétition et d’un master class. Pour le comité d’organisation, ce festival constitue une double opportunité : primo c’est encourager les cinéastes tchadiens à produire des films compétitifs, à faire des productions cinématographiques de qualité respectant les normes internationales et secundo, renforcer les capacités techniques des cinéphiles tchadiens’’. Il saluant le travail réalisé dans la transmission des savoirs par les formateurs, par les membres du comité d’organisation, ainsi qu’aux membres du jury et les partenaires. Un hommage est rendu au fondateur de l’association, Mahamat Ali Hamat présent à la cérémonie, qui a eu des mots de gratitude à l’endroit des organisateurs et partenaires. L’occasion a été saisie pour lancer un appel aux partenaires pour soutenir la 4e édition prochaine. Une motion de remerciements est intervenue des participants apprenants avant la remise des attestations de reconnaissance aux partenaires.
Les leçons du cinéma,…
L’intervention du président du jury Cyrille Danina a été sans équivoque sur l’issue du travail réalisé par le jury, composé d’Adoum Jansé, Allamine Kader, Mmes Haoua Taboye et Hanifa Ali Oumar. Chacun doit revoir sa copie, depuis le comité d’organisation jusqu’aux prochains cinéphiles en compétition. Le jury a mis le professionnalisme au cœur de son travail critique, et est arrivé à la conclusion que les 16 films en compétition, n’atteignent pas le seuil de qualité exigée dans les normes du cinéma, si l’on veut vraiment parler du cinéma. ‘’Nous avons vu, revu et analysé ces films, qui sont dans des formats différents, tantôt courts, moyens et parfois long métrage, entre documentaire et fiction… bref les genres y sont (…) Tous ne répondent pas aux exigences techniques d’un film de cinéma, bien que la volonté de raconter l’histoire existe.
Les organisateurs du festival doivent faciliter désormais la tâche au jury, en tenant compte des étapes de présélection des films, pour ne pas amener dans le festival, des films qui n’ont pas la raison d’être vus et appréciés. Un film en réalité, qu’il soit amateur ou non, doit avoir au minimum une bonne photographie, un rythme cohérent, de bons dialogues, les acteurs doivent être crédibles dans leurs rôles… Un bon film, c’est avant tout une bonne histoire traduite dans un bon scénario. Le scénario, c’est la base d’un film. La musique joue aussi une part importante dans l’émotion et la sensibilité. Tout cela, doit servir de leçon pour les prochaines éditions du festival (…)’’.
Le jury a attiré l’attention des jeunes qui se passionnent pour le cinéma, de se concentrer à bien apprendre à faire le cinéma et le faire bien, pour éviter de tomber dans la médiocrité. C’est pourquoi, il n’y a pas eu de trophée, mais des attributions spécifiques comme mentions du jury. Une manière de remettre en cause le travail abattu, mais également d’encourager à bien faire le cinéma, afin d’amener les cinéastes tchadiens à respecter les règles de l’art du cinéma.
Le ministre des Affaires culturelles, du patrimoine historique, du tourisme et de l’artisanat Abakar Rozzi Teguil qui a clos le festival, relève dans son discours, que ‘’le cinéma tchadien est en train d’aller dans la bonne direction doucement et sûrement’’. Il rassure du soutien du ministère, pour renforcer et perpétuer ces genres de formation, afin que dans un avenir proche, qu’on entende parler de la nouvelle vague des cinéastes tchadiens. Placé sous le thème ‘’le vivre ensemble à travers le cinéma’’, le Festival N’Djaména film est initié par l’Association tchadienne pour le développement du cinéma (Atdc).
Roy Moussa