N’Djaména Nadif en disparition

N’Djaména Nadif ou “N’Djaména propre” qui était annoncé tambour battant, comme une entreprise destinée à rendre la capitale propre, brille par son absence.

Les habitants des quartiers de N’Djaména ne se réveillent plus au son des klaxons de ces bennes de ramassage d’ordures, comme il y a de cela quelques années, se souvient Clarisse, la trentaine, habitant le quartier Habena. “Nous étions souvent réveillés par les klaxons des bennes de N’Djaména Nadif, ce qui nous permettait de sortir notre bac à ordures devant le portail, afin que ses agents le vident et le lendemain le même manège reprenne”. De l’autre côté du fleuve au quartier Walia dans le 9ème arrondissement, c’est le même constat. “J’ai même oublié l’existence de N’Djaména Nadif qui nous amenait à rendre nos concessions propres, parce qu’on était sûr que les ordures allaient être enlevées. Mais hélas, au Tchad les bonnes choses ne durent pas, c’est pourquoi je ne me plains pas de son absence”, explique un habitant dudit quartier.
Si à l’exemple de ces deux quartiers, les bennes de N’Djaména Nadif sont quasiment absents, le cas des habitants des quartiers de la commune du 6ème arrondissement fait exception. Pour Narcisse, grâce à sa proximité avec la concession du maire de la commune du 6ème arrondissement leur bac à ordures est souvent vidé. “Quand le véhicule quitte la mairie, il fonce directement chez madame la maire qui est à deux pas de la commune. Dès que nous entendons les coups de klaxon, nous en profitons pour sortir et vider aussi nos bacs”, renchérit-il.
Certains habitants de N’Djaména déversent directement leurs ordures dans les bacs installés par la fondation Grand cœur, dans certains coins des arrondissements. D’autres choisissent d’utiliser ces ordures pour remblayer la cour de leurs maisons ou les rues en prélude à la saison des pluies prochaine.

Le constat dans quelques communes
Pour le directeur d’hygiène et assainissement du 1er arrondissement de la ville de N’Djaména, M. Bourma, trois stratégies ont été mises en place dans sa commune, pour faire face à la gestion des déchets solide et liquide. Car, il constate que N’Djaména Nadif ne s’occupe que de l’enlèvement des déchets solides. “Nous avons jugé que ce n’est pas possible de gérer les déchets ménagers sans l’implication de la population locale. C’est pourquoi nous avons délégué ces charges aux comités d’assainissement que nous avons suscités dans les différents quartiers, en leur octroyant des autorisations de fonctionner et un appui technique pour s’occuper des quatre grands quartiers de l’arrondissement. Nous avons aussi des entreprises qui sont dans la gestion des déchets, avec lesquelles nous avons signé des conventions pour les collectes auprès de leurs abonnés. Nous n’enlevons uniquement les ordures déposées que sur les axes et rues bitumés”, explique-t-il. Pour lui, cette stratégie permet aux associations, groupements ou entreprises d’aller aux fins fonds des quartiers enlever les ordures, pendant que N’Djaména Nadif s’occupe des axes et rues bitumés. Il renseigne également que des deux véhicules octroyés par la mairie centrale, l’un est en panne. En plus de cela, la commune a installé 17 bacs à ordures ménagères dans les différents points de l’arrondissement. Ils sont évacués à chaque fois qu’ils font leur plein.
Au 3ème arrondissement, un véhicule sur quatre fonctionne. Les deux autres censés ramasser les ordures, sont depuis plus de 2 ans abandonnés sur des tas d’ordures, juste à côté de l’arrondissement, obstruant la ruelle qui le sépare des concessions avoisinantes. Tandis que le troisième est garé à l’intérieur. Apparemment, cet état de choses n’est pas le souci des responsables de la commune.
“Les deux véhicules sont en panne. Même si les besoins de réparation ont été émis, jusqu’à maintenant, la commune n’a pas engagé les réparations. Et c’est depuis l’année 2020, qu’ils ne sont pas opérationnels. Ce sont les associations des quartiers qui s’arrangent à aider la population à se débarrasser de ses ordures”, déplore un agent de la commune du 7ème arrondissement. Il confie que plus d’une dizaine de véhicules garés dans le grand garage de la Voirie urbaine ont été dépiécés.
Les 11 bacs à ordures remis par la Fondation grand cœur sont entassés à côté de cet arrondissement. Personne ne daigne les utiliser en attendant leur dispatching dans des endroits accessibles des 11 quartiers de la commune. Même son de cloche du côté du 9ème arrondissement où l’unique véhicule de N’Djaména Nadif est en panne. “On a promis de nous donner deux véhicules pour enlever les déchets ménagers dans notre arrondissement, mais nous n’avons réceptionné que l’unique véhicule qui a servi ce vaste arrondissement. Actuellement, il est en panne et nous cherchons à le remettre sur pied pour qu’il soit opérationnel”, informe le directeur de cabinet du maire, Ousmane Mahamat Abakar.
Ces véhicules des travaux d’assainissement et de voiries urbaines appelés N’Djaména Nadif, ont été remis officiellement le 18 mars 2009 par le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique de l’époque, Ahmat Mahamat Bâchir, au maire de la ville de N’Djaména Mahamat Zen Bada. Ils ont commencé les activités le 15 avril de la même année, avec pour mission de collecter les déchets porte-à-porte, moyennant une somme de 1500 francs par mois, tout en installant des poubelles publiques, puis de procéder la nuit au nettoyage et lavage des voies bitumées, ainsi qu’au reprofilage des rues en terre. Mais le constat est là !

Modeh Boy Tresor