N’Djaména sans feux de signalisation

Les feux de signalisation implantés dans la ville de N’Djaména ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. En plus, ils sont en nombre insuffisant.

C’est dans un désordre total que les usagers de la voie publique circulent pratiquement tous les jours dans la ville de N’Djaména. Au niveau des intersections des rues et ronds-points, les chauffeurs, les conducteurs de mototaxis et les piétons s’offrent à des bras-de-fer. Tout le monde est pressé. Les gens circulent à tort et à travers. Les feux tricolores installés dans certains ronds-points de la ville pour réguler la circulation et l’ordre de passage des piétons sont presque tous en panne, faute d’entretien, de vol ou d’actes de vandalisme de certains tchadiens inciviques. A l’intersection des avenues Gaourang et Félix Eboué, le constat est désolant, surtout que dans cette zone, les stationnements sont interdits. Les chauffeurs et autres usagers se font signe de la tête ou des mains pour passer. Là aussi, les plus pressés foncent sans alerter ceux qui vont dans le sens inverse créant parfois des accidents de la voie publique. Même constat à l’intersection des avenues Charles de Gaulle et Gaourang derrière l’Hôpital de la mère et de l’enfant. Emprunter cette voie est très risqué car les priorités ne sont pas respectées par les usagers, qu’il s’agisse des voitures ou des motos. Au niveau des rues qui jouxtent la Place de la nation, les feux de signalisation ne fonctionnent pas. Chaque chauffeur y va de son bon vouloir entraînant parfois des querelles interminables et provoquant des embouteillages. Au moindre reproche des uns et des autres, ce sont des injures qui fusent. Ainsi, une injure appelle une autre et s’ensuivent parfois des rixes. Les exemples de ce désordre ne sont pas exhaustifs et certains usagers se plaignent de ce capharnaüm. Circuler dans de telles conditions est devenu très risqué voire dangereux. “A chaque fois, on assiste à des accidents. La fois passée  deux voitures sont entrées en collision. Elles se sont retrouvées au beau milieu d’une intersection. Vu que les feux sont en panne, chacun a voulu passer en premier”, explique un passant. Certaines intersections constituent un réel danger pour les piétons plus précisément au niveau des intersections tout autour de la Place de la nation.  “J’ai moi-même été victime d’un accident. Je voulais traverser la route quand un conducteur de mototaxi venait à vive allure et n’a pas pu m’éviter. Jusqu’à présent, j’ai des blessures au niveau de ma cuisse”, confie M. Bona, un passant. Selon Marie, “il est essentiel que la municipalité bouge pour régler ces problèmes”.

On est tenté de croire que la circulation serait ordonnée là où les feux tricolores sont en bon état, mais ce n’est pas le cas. Au niveau de la rue de 40 mètres, certains feux fonctionnent même s’ils sont dans des états très lamentables. Rares sont les usagers de la voie publique qui font un effort de les respecter. Pendant que certains s’arrêtent au rouge, d’autre passent feignant n’avoir rien vu. “Nous ne pouvons pas continuer comme ça. Il faut que les gens respectent  au moins le code de la route. C’est pour notre sécurité”, fulmine Francis, un automobiliste.

Là où il n’y a pas le moindre feu tricolore, ce sont des embouteillages monstres qui se dressent. Sur l’avenue Pascal Yoadimnadji plusieurs intersections sont sans feux de signalisation. Ce sont les policiers qui se substituent aux feux tricolores pour réguler la circulation. “C’est un calvaire qu’on vit tous les jours. Heureusement que la police est souvent là pour réguler la circulation”, se console Kadoum Oumar un motocycliste. Pour les policiers, cet exercice est vraiment rude. “Nous sommes obligés de rester sous le soleil toute la journée. Il n’y a pas de feu de signalisation, pas de panneau et en plus, la population ne nous facilite pas la tâche. Les gens roulent comme bon leur semble”, se plaint un policier qui requiert l’anonymat. Il suffit juste que les policiers en faction prennent une pause-café pour que la fluidité de la circulation fasse place à des embouteillages interminables.

Non seulement beaucoup de feux sont en panne, mais de nombreux ronds-points n’en ont même pas. “Dans le cas où il n’y a pas de feux tricolores ou qu’ils sont en panne, la priorité revient aux véhicules qui arrivent du côté droit”, explique un autre policier. Mais les usagers ne respectent pas cela, ce qui oblige les agents à rester sur place afin d’éviter les perturbations de la circulation.

Entretemps, la mairie de la ville en charge de la gestion de ce dispositif de sécurité routière nous semble inaccessible dans nos multiples tentatives.

Selon certains responsables municipaux, l’actuel maire a expressément intimé l’ordre à ses collaborateurs de ne répondre à la question d’un journaliste que lorsqu’il l’autorise personnellement.

Boré Wassa, stagiaire