Peu d’engouement à Moundou

L’enrôlement  des électeurs lancé le 1er octobre 2020 à la mairie de Moundou par le secrétaire général provincial du Logone occidental, Ngana Djékila, est confronté à des difficultés d’ordre matériel, la non-maîtrise de l’outil informatique et surtout, le manque d’engouement de la population.

Pour constater l’évolution de la révision du fichier électoral, nous nous sommes rendu successivement aux quartiers Dombeur 1, Guelkoura, Bornon, Baguirmi, Donyon et Djarabé II. Partout dans ces quartiers, le constat est le même. Le manque de groupe électrogène ou de carburant pour les uns, panne d’imprimante, absence des agents de la sécurité et des volontaires de la-Croix-rouge pourtant promis lors de la session de formation, pour les autres. Une suppléante de clamer haut et fort qu’ils (les opérateurs) sont abandonnés  à eux-mêmes. “Comme vous l’aurez constaté,  il n’existe pas de mesures  barrières en dépit de la pandémie à coronavirus dont les cas continuent à s’enregistrer ici à Moundou”, s’offusque-t-elle. Pas de kit de lavage des mains, pas de gel hydro alcoolique. “Les quelques personnes qui cherchent à se faire enrôler que vous voyez ne respectent pas la distanciation physique. Ils ne portent pas de masque, sauf mon chef et moi. Autrement, nous sommes exposés à beaucoup de risques”, relève la suppléante.

Au quartier Guelkoura, les notables ont tout arrangé et disposé mais pas l’ombre d’un seul opérateur. Le secrétaire général provincial déplore la lenteur  dans le déploiement des agents sur le terrain. Une question se pose. Celle de savoir comment peut-on finir ce recensement dont la durée est fixée à 20 jours, alors qu’en sept jours la machine peine à démarrer normalement. Le secrétaire provincial demande aux responsables de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) de s’investir davantage  pour permettre au travail d’avancer. Sans cela, ce serait un travail bâclé qui n’aura pas atteint les résultats escomptés.

Au quartier Bornon, comme Baguirmi, quelques personnes désireuses de voter aux prochaines échéances dont la première sera la présidentielle prévue en avril prochain, se sont postés devant le bureau pour se faire enrôler. Mais au quartier  Baguirmi, l’imprimante a lâché, obligeant certains usagers à quitter désespérément le lieu.

A Djarabé II, le bureau d’enrôlement qui s’est installé n’a pas de générateur. Par-ci, c’est le problème d’énergie, par-là, le groupe électrogène existe mais le carburant manque. Une opératrice de faire remarquer qu’à la formation des agents recenseurs, de bonnes choses ont été dites et promises mais sur le terrain, les faits sont autres. “Nous plaidons auprès de la Céni pour qu’elle nous aide à bien accomplir notre tâche”, souligne l’opératrice.

De sources dignes, certains départements, sous-préfectures, cantons, villages et quartiers de la province du Logone occidental, n’ont pas encore vu passer les opérateurs. Toutefois, beaucoup parmi ceux qui tiennent à exprimer leurs suffrages aux futures élections, décrient la lenteur dans la saisie des données, des noms mal transcrits, mais aussi l’incompétence de certains opérateurs qui ne maîtrisent pas l’outil informatique. Et la non-maîtrise de l’outil informatique est à la base de la perte du temps devant les opérateurs. Conséquences, de nombreuses personnes qui en ont ras-le-bol d’attendre ne cachent pas leur mécontentement. “Beaucoup parmi les opérateurs sont recrutés dans des conditions douteuses. Dans de pareils travaux, on a besoin des gens compétents pour faire avancer et non des recrutements basés sur les liens de parenté, de cousinage, de copinage ou par des dessous de table. A l’allure où vont les choses, l’on a de doute sur la finalisation de l’enrôlement dans la province du Logone occidental dans le délai prévu, beaucoup plus à cause du tâtonnement de l’outil informatique”, observe un homme politique. Un autre se demande si avec ces opérateurs du recensement, tout le Logone occidental serait couvert afin de rendre fiable le ficher électoral.

Le manque d’engouement dans certains quartiers laisse planer le doute sur la révision du fichier électoral à Moundou. C’est dans cette optique que les partis politiques implantés dans la province intensifient la sensibilisation à travers les stations radios de la place. Certains sillonnent les départements, les cantons et villages pour mobiliser leur base à se faire recenser. L’on note aussi l’intervention de certains religieux tel que le président de l’annexe de Moundou, Pasteur Gadmadji Daniel qui invite tous les chrétiens à se faire enrôler. “Voter, c’est un ordre établi. Il faut être recensé et figuré sur le fichier électoral afin d’exercer son devoir et son droit. Alors, il faut remplir les conditions  pour participer à tous les suffrages en possédant sa carte d’électeur”, exhorte l’homme de Dieu.

Mianga Tobiandjé,

Correspondant à Moundou