Un pitoyable lycée-collège aux portes de N’Djaména

Créé en 1994 et érigé en lycée 1997, le lycée-collège de la Loumia reste toujours dans son état d’antan construit en toit de paille. Il est finalement délogé dans les locaux de l’Ong World-vision Tchad.

Le lycée-collège de la Loumia se trouve dans un état pitoyable. Depuis sa création en 1994, il est construit et reconstruit en toit de paille. Un bâtiment de deux salles constitue tout son décor. Il est construit en briques môles par les militaires. Cet établissement d’enseignement public semble méconnu. Sur tous les plans, il agonise. Les salles de classe sont en seccos. A défaut de tables-bancs, les troncs d’arbres leur suppléent. Certains élèves s’asseyent  à même le sol. Leurs cahiers sur les genoux qui remplacent valablement les tables.

Les salles de classes construites en seccos grâce aux frais d’inscription d’ailleurs versés tardivement, raconte le président de l’Association des parents d’élèves (Ape). Cette année scolaire 2020-2021, ne pouvant plus tenir sur son site initial, le lycée est finalement transféré dans les locaux de l’Organisation non-gouvernementale (Ong) World-vision Tchad rétrocédés à la communauté. C’est une solution provisoire trouvée lors d’une décision prise en assemblée générale qui a réuni le sous-préfet, le maire de la ville  et l’administration du lycée-collège.

Selon les responsables de l’établissement, le directeur du collège Lychelné Mathias Payangfo et le proviseur Djiraïbé Yannick, le lycée-collège de la Loumia accueille plus de 1500 élèves, mais il semble être ignoré par l’Etat. Et pourtant, la sous-préfecture de la Loumia ne dispose que d’un seul lycée-collège qui accueille les élèves en provenance de plus de 120 villages, renseignent-ils.

Le problème d’infrastructures freine le bon fonctionnement des activités scolaires de l’établissement. Pour Lychelné Mathias Payangfo, il n’est pas facile de finir le programme des cours durant l’année scolaire. “Le manque de bâtiment freine nos activités et nous n’arrivons pas à bien finir le programme. Nous commençons souvent les cours beaucoup plus en novembre ou décembre, parce qu’il faut attendre pour que la paille soit mûre pour en faire des seccos et construire les salles de classe. Pour cette année, nous amorçons vraiment des difficultés où jusque-là, certaines salles ne sont pas encore construites”, se plaint-il. Le directeur souligne par ailleurs que par manque de bureau approprié pour garder les documents, les voleurs viennent emporter souvent quelques manuels de cours.

Soucieux, quelques administrateurs, enseignants, personnes ressources de la ville avec la contribution de World-vision, ont mis leurs efforts en commun pour construire quelques chambres servant de bureau aux administrateurs.

Une autre difficulté: le manque d’enseignants. Selon le directeur du collège, pour 9 divisions, il n’y a que 9 enseignants. Il n’y a pas d’enseignants en français, en anglais, en arabe et en Sciences de la vie et de la terre (Svt). “Le collège ne fonctionne beaucoup plus qu’avec les enseignants volontaires (les bénévoles)”, souligne-t-il. L’Etat n’y a pas affecté les enseignants manquants. Ceux qui assurent actuellement les cours sont des volontaires. Il y a un seul enseignant d’histoire pour tout le cycle. Les responsables de cet établissement déplorent la situation. “Pour les classes de troisième et terminale où il manque cruellement des enseignants d’anglais, de français, de physique-chimie, de philosophie et de mathématique,  comment allons-nous faire pour permettre aux élèves d’affronter les examens?”, s’interrogent-ils.

Il n’y pas assez de manuels de cours. Les responsables de l’établissement, les enseignants et élèves ne savent plus à quel saint se vouer. “Nous essayons de faire avec les moyens de bord, mais on ne se sent perdu parce qu’ils nous manquent assez de manuels de cours et on sait quoi faire”.

La population de la sous-préfecture de la Loumia et les parents d’élèves plaident auprès du gouvernement le sort du lycée-collège très indispensable pour l’éducation de leurs progénitures.

Mitan Maxime, stagiaire