Allahramadje régule la circulation sur le pont étroit

Face aux embouteillages réguliers constatés sur le pont étroit de Chagoua aux heures de pointe, occasionnant parfois des accidents, Allahramadje Gilbert, un jeune volontaire, dans un élan citoyen, aide les usagers à réguler la circulation.  

Un matin de mars 2023. A l’entrée du pont de Chagoua, sous une petite fraîcheur que dégage le fleuve Chari. Motards et piétons s’entremêlent dans un concert de klaxons cherchant chacun une issue. Des vendeuses de légumes, bassines posées sur la tête tentent de se frayer un passage. Ecoliers et débrouillards piaffent d’impatience. Aucun agent de la compagnie de circulation routière n’est aperçu. C’est dans cette ambiance tumultueuse que surgit Allahramadje Gilbert. Un jeune volontaire âgé d’environ 35 ans, habitant le quartier Walia dans le 9ème arrondissement municipal de la ville de N’Djaména, s’engage dans un élan citoyen, à réguler la circulation sur le pont étroit de Chagoua. “C’est l’amour et ma conscience qui m’obligent à exercer ce service pour aider les usagers du pont étroit, car on transporte parfois des malades pour traverser ledit pont qui est un raccourci vers des structures sanitaires, mais à cause de l’embouteillage, sa traversée peut parfois prendre 45 minutes voire 1 heure. J’effectue ce travail sans contrepartie et je n’exige pas de récompense”, explique Allahramadje.

Son acte est remarqué et apprécié par les usagers. “Ce jeune homme fait un bon travail pour nous car, grâce à lui, nous arrivons à vite traverser le pont étroit ces derniers temps. Je n’ai rien à lui donner mais que Dieu le Tout Puissant le protège et le garde pour nous”, observe Alvine Chérif Boy, un usager du pont. Même constat partagé par Amina Jeannette qui affirme : “J’habite à Toukra et je travaille à Farcha. J’emprunte le pont étroit pour me rendre au boulot le plus vite mais c’est le contraire qui se produit chaque jour car il arrive que je perde plus de 50 minutes avant de traverser. Ce qui fait que j’arrive souvent en retard au boulot. Dieu merci, depuis l’arrivée de ce jeune engagé, je me rends enfin à l’heure dans mon poste de travail car ce dernier fait un bon travail pour nous, merci à lui”. Même les conducteurs de mototaxis le félicitent. “Ce jeune qui a le même âge que nous, rend un service très important pour nous les clandomen car c’est ce pont qu’on traverse souvent avec nos clients. Nous le remercions infiniment”, lui reconnaît Mbaïlassem Gédéon.

Encouragé par les reconnaissances des usagers, Allahramadje continue son acte citoyen. Il est actuellement rejoint par un de ses amis il y a de cela trois mois. Cet ami partage sa même vision. Certains usagers estiment que le volontariat de ces jeunes doit être encouragé par l’État tchadien.

Les embouteillages réguliers sur le pont de Chagoua aux heures de pointe s’expliquent par une démographie galopante ces dernières années dans la ville de N’Djaména en général et dans le 9ème arrondissement en particulier. Dans le but de fluidifier la circulation des personnes et des biens, le gouvernement a prévu la construction d’un autre pont à 4 voies parallèle à l’ancien dont les travaux ont démarré depuis plus de 6 ans mais tardent à s’achever. Entre temps, Allahramadje et son ami redoublent d’ardeur chaque matin pour aider leurs compatriotes traverser avec moins de peine le pont étroit de Chagoua.

Félicité Nguétolabaye,

Stagiaire