Quatre mois déjà ! Sans aucune trace de Robert Gam. La dernière fois que le secrétaire général du Parti socialiste sans frontières (Psf) a été vu remonte au dimanche 20 septembre 2024 quand dans l’après-midi, en quittant les locaux où logeait le bureau de son parti politique, il n’est plus jamais arrivé chez lui. Pourtant, il avait dit à ses camarades du parti, avant de se séparer d’eux, qu’il rentrait directement chez lui. Mais jusqu’aujourd’hui, sa famille biologique est sans nouvelle de lui. Ses camarades évoquent un enlèvement de la part des services spéciaux, les renseignements généraux. Et depuis lors, “on ne sait vraiment pas s’il est gardé vivant en détention ou non”, s’inquiètent-ils.
Peu de temps avant les préparatifs et l’organisation de la présidentielle du 6 mai 2024, le Parti socialiste sans frontières (Psf) était déjà dans le collimateur du pouvoir en place. Son président, Yaya Dillo Djérou Betchi qui lorgnait également le fauteuil présidentiel, avait des liens familiaux avec la plus haute autorité du Tchad. Une telle ambition est un crime de lèse-majesté sous le régime qui continue à régenter le Tchad depuis plus de 30 années. Qu’un oncle, un cousin ou un proche du clan puisse convoiter le trône des Déby Itno, s’avère impensable ! Ainsi, au cours d’un raid musclé de l’armée contre le siège du Psf, l’opposant Yaya Dillo, qui n’est plus en odeur de sainteté avec le pouvoir, est assassiné le 29 février 2024. Un nombre non moins important des militants de son parti sont arrêtés. Ils sont déportés à la maison d’arrêt de haute sécurité de Korotoro, très loin de la capitale, dans le désert tchadien, là où les conditions de détention sont des plus dures, inhumaines et dégradantes, comme le rapportent les associations de défense des droits humains.
Après la mort de Yayo Dillo, le pouvoir n’a plus voulu plus entendre parler du Psf. Il place à son tour son secrétaire général, Robert Gam, devenu le numéro un du parti, dans son collimateur. Ses faits et gestes sont surveillés. Pour le dissuader de son militantisme, Gam fait l’objet d’intimidations et de harcèlement des forces obscures, selon ses camarades du parti. Mais le désormais n° 1 du Psf n’en démord pas, poursuivant la ligne d’opposition radicale de son prédécesseur. Mal lui en a pris quand, au cours d’une de ses communications, il donne un mois au pouvoir de Mahamat Idriss Déby Itno pour libérer les militants du Psf arrêtés lors de l’assaut qui a emporté son président. Il a même menacé, dans le cas contraire, “d’organiser des contestations sur l’ensemble du territoire national”. Une telle menace est sans doute la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Pour le pouvoir, trop c’est trop ! Cet oiseau de mauvais augure, qui est sur les traces de son défunt mentor doit être étouffé dans l’œuf. Tout un arsenal de matériels et d’engins d’espionnage et de contre-espionnage sont déployés à ses trousses pour le réduire à néant. Des motos suspectes et des véhicules aux vitres teintées sans plaque d’immatriculation ont multiplié leur présence autour du siège du Psf. Curieusement, ils ont mystérieusement disparu après la disparition du secrétaire général du Psf, le 20 septembre dernier.
Quoi que Robert Gam ait fait, quelle que soit la nature de son acte qui mériterait une sanction, le pouvoir doit le mettre à la disposition de la justice. Et si condamnation, il y en a, ça doit être du ressort de la justice. Sans quoi, il faut simplement libérer le secrétaire général du Parti socialiste sans frontières. La démocratie tchadienne vacillante s’en portera un tout petit mieux !
La Rédaction